Equiper sa salle en outils numériques, mon parcours personnel

Mon parcours pour obtenir un équipement adéquat en matériel informatique et numérique.

salle arts plastiques

J’ai commencé à exercer en Métropole en 1998 où j’avais un simple téléviseur comme moyen de communication et d’information. Pas d’appareil photo, pas de tablettes à l’époque. Pourtant nous évoquions bien le numérique dès 98. Mes élèves ont réalisé des photos et des séquences de films avec mon propre appareil. Il n’y avait même pas de point d’eau dans ma salle de classe. Pourtant, mes élèves ont bien fait de la peinture. Je transportais des seaux en début et fin d’heure. On a oublié cette période dure et contraignante.

Puis, je suis partie en 2005 en Outremer, à Tahiti, où j’ai travaillé dans deux collèges dont un sous-équipé en ce qui concerne les nouvelles technologies. Je faisais regarder les références artistiques à mes élèves en faisant circuler mon propre portable de table en table. Je n’avais pas de connexion internet bien évidemment.

La suite va faire grincer des dents. Entêtée et décidée à intégrer le numérique dans mes cours,

j’ai acheté sur mes propres deniers deux appareils photos pour entraîner mes élèves, puis un écran de taille moyenne pour ne plus à avoir à faire circuler mon appareil personnel. La direction n’avait pas envie d’investir pour les arts plastiques. Dans le second collège, expliquant la situation à la Direction des Enseignements Secondaires, trois appareils ont été achetés pour le collège de Punaauia.

J’ai présenté le point comme suit: « Les collègues de musique ont bien un piano et des instruments pour faire cours, pourquoi, nous les spécialistes de l’image n’avons rien pour faire travailler nos élèves ? C’est un peu comme si vous demandiez à un professeur d’EPS de faire du foot sans cage ni ballon ». L’argument a bien été enregistré par la Direction des Enseignements Secondaires. La dernière année, au bout de quatre ans, un vidéo-projecteur a été installé mais je n’ai pas pu en profiter.

Il y avait des ordinateurs dans des salles informatiques où j’emmenais très souvent mes élèves.

Mais auparavant, sans moyens mis à ma disposition, j’ai fait fabriquer des appareils photos en carton aux élèves avec un téléobjectif pour leur apprendre à cadrer leurs photos ! Ils devaient rendre compte par le dessin de ce qu’il avaient sélectionné dans leur viseur.

En 2009, j’ai terminé mon contrat à Tahiti et suis arrivée à la Réunion où je n’avais même pas une poubelle digne de ce nom dans ma salle exiguë. J’ai commencé par obtenir une poubelle. Pendant 4 ans, j’ai travaillé avec l’écran que j’avais acheté à Tahiti et je demandais aux élèves (je sais, ce n’était pas réglementaire, il y a un article qui interdit l’usage des appareils portables personnels des élèves) de l’utiliser quand même. J’ai investi dans un appareil et une tablette que j’ai prêtés aux élèves. Ma Direction a vu les travaux des collégiens et a proposé d’acheter 5 appareils photos numériques. Un ordinateur et la connexion internet m’avaient été accordés avec un vidéo-projecteur au bout de quatre ans.

Le chemin est long, je peux comprendre le désarroi de certains collègues face à cette impasse. Mais avec peu de choses, on peut obtenir des résultats. Comme le disait Monsieur Chardon, Inspecteur de mon académie, on peut détourner le vidéo-projecteur comme moyen plastique à part entière, l’utiliser pour créer des zones de lumière et d’ombres et aussi enseigner les couleurs optiques à partir de celui-ci.

Et renouveler les demandes auprès de la Direction en montrant des productions des élèves peut être très convaincant. Il faut avoir présent à l’esprit qu’ un chef d’établissement n’investit pas pour rien dans cet équipement; il faut lui présenter des arguments et des preuves tangibles de l’importance de ces investissements. Il faut lui montrer que c’est absolument nécessaire pour un enseignement conforme aux textes et aux programmes. Il y a les compétences du LPC qui vont dans ce sens mais aussi le B2I.

Un conseil précieux qui m’a été donné par Madame Marie Seymat, formatrice à l’IUFM: « avoir une bonne relation avec les agents de service ». Tenir sa salle de manière impeccable peut être un argument de taille quant au respect futur des ordinateurs ou appareils numériques achetés pour les arts plastiques.

Il ne faut pas baisser les bras, une connexion qui ne marche pas une semaine n’est pas si grave. La semaine suivante sera plus productive. Un bon entretien avec son chef d’établissement peut changer la donne. Il est nécessaire d’expliquer comment fonctionne une séquence et le contenu de nos programmes.

Un texte de préconisation d’équipement pour la salle d’arts plastiques a été rédigée par Christian Vieaux Inspecteur Général des arts plastiques – Groupe des enseignements artistiques que vous trouverez ici:

http://artspla-site-austral.ac-reunion.fr/spip.php?article46

Aujourd’hui, mes demandes ne sont pas encore totalement satisfaites. Je vais essayer d’obtenir trois ordinateurs dans ma salle de classe avec une borne wifi pour me permettre de diffuser instantanément les images des élèves depuis les postes informatiques. Un autre parcours commence …

La suite:

Je suis allée voir Madame Herrou, Principale de mon Collège et lui ai fait cette demande: d’équiper la salle d’arts plastiques de trois ordinateurs connectés en lui expliquant bien les enjeux du numérique dans nos pratiques. Bien évidemment, je pourrais emmener les élèves en salle informatique. Mais souvent, le montage d’un film ou d’un stopmotion, une retouche d’image doivent être faits sur le champ. « Les cours doivent être mêlés de pratiques traditionnelles avec celles du numérique et c’est justement dans la diverstité des pratiques effectuées -dans l’instant- que les élèves apprennent les enjeux de chaque technnique. Il est difficile de prévoir quand un élève va vouloir s’exprimer par le biais de l’informatique, de la vidéo ou de la photo et donc, de ce fait, de prévoir une séance complète en salle info. ». Mme Herrou m’a demandé de lui faire une liste de l’équipement souhaité. Je risque fort d’avoir ces ordinateurs dans le courant de l’année.

Le tout est de le vouloir et de prouver la nécessité de ces équipements dans la pédagogie des arts plastiques.

Ne baissez jamais les bras.

6 commentaires

  1. rachel

    Bravo!
    Belle preuve que ne pas baisser les bras est payant.
    Je n’arrête pas de dire à mes élèves qu’ils ont une chance incroyable car la salle d’arts plastiques est équipée de 5 portables en wifi, une imprimante, deux caméscopes numériques, d’un vidéo projecteur (bientôt 2) et d’outillages divers… tout cela fruit de 15 ans d’économie sur les crédits d’enseignement et d’une politique volontaire de ma principale et de l’agent comptable.

  2. LN

    Bonjour, Je suis admirative de votre parcours (du combattant !) et suis atterrée par les trésors d’énergie qu’il nous faut déployer pour simplement faire appliquer les textes… De mon côté, un chef d’établissement obtus, et aucune chance d’obtenir un jour un équipement digne de ce nom, malgré mes demandes répétées depuis 4 ans. Je suis face à un mur… J’économise donc sur mes crédits pédagogiques pour acheter ce matériel… Et je pense pourtant avoir fait la preuve de mon engagement, et de la qualité du travail fourni par mes élèves.

  3. Laure CARIOU

    merci de vos précieux encouragements. J’enseigne dans un petit collège rural du centre Bretagne et mon directeur va investir dans une imprimante 3D pour la techno mais ne comprend pas l’utilité d’équiper la salle d’arts plastiques avec autre chose qu’un projecteur. Je prête mon appareil reflex aux élèves et envisage de demander à utiliser les portables des élèves, malgré le règlement intérieur. Les nouveaux programmes font une part très importante aux compétences numériques et dans le cadre des EPI je trouvais que nous avions là une opportunité d’utiliser en collaboration le matériel et mettre en lumière l’activité de ce cours. En année de stage MEEF, nos mémoire d’analyse de pratiques et de didactiques doivent intégrer un compte rendus de séquences avec usage des TICE. Le chemin sera long. Quand il faut même justifier l’achat de peinture!!

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Equiper sa salle en outils numériques, mon parcours personnel

Mon parcours pour obtenir un équipement adéquat en matériel informatique et numérique.

salle arts plastiques

J’ai commencé à exercer en Métropole en 1998 où j’avais un simple téléviseur comme moyen de communication et d’information. Pas d’appareil photo, pas de tablettes à l’époque. Pourtant nous évoquions bien le numérique dès 98. Mes élèves ont réalisé des photos et des séquences de films avec mon propre appareil. Il n’y avait même pas de point d’eau dans ma salle de classe. Pourtant, mes élèves ont bien fait de la peinture. Je transportais des seaux en début et fin d’heure. On a oublié cette période dure et contraignante.

Puis, je suis partie en 2005 en Outremer, à Tahiti, où j’ai travaillé dans deux collèges dont un sous-équipé en ce qui concerne les nouvelles technologies. Je faisais regarder les références artistiques à mes élèves en faisant circuler mon propre portable de table en table. Je n’avais pas de connexion internet bien évidemment.

La suite va faire grincer des dents. Entêtée et décidée à intégrer le numérique dans mes cours,

j’ai acheté sur mes propres deniers deux appareils photos pour entraîner mes élèves, puis un écran de taille moyenne pour ne plus à avoir à faire circuler mon appareil personnel. La direction n’avait pas envie d’investir pour les arts plastiques. Dans le second collège, expliquant la situation à la Direction des Enseignements Secondaires, trois appareils ont été achetés pour le collège de Punaauia.

J’ai présenté le point comme suit: « Les collègues de musique ont bien un piano et des instruments pour faire cours, pourquoi, nous les spécialistes de l’image n’avons rien pour faire travailler nos élèves ? C’est un peu comme si vous demandiez à un professeur d’EPS de faire du foot sans cage ni ballon ». L’argument a bien été enregistré par la Direction des Enseignements Secondaires. La dernière année, au bout de quatre ans, un vidéo-projecteur a été installé mais je n’ai pas pu en profiter.

Il y avait des ordinateurs dans des salles informatiques où j’emmenais très souvent mes élèves.

Mais auparavant, sans moyens mis à ma disposition, j’ai fait fabriquer des appareils photos en carton aux élèves avec un téléobjectif pour leur apprendre à cadrer leurs photos ! Ils devaient rendre compte par le dessin de ce qu’il avaient sélectionné dans leur viseur.

En 2009, j’ai terminé mon contrat à Tahiti et suis arrivée à la Réunion où je n’avais même pas une poubelle digne de ce nom dans ma salle exiguë. J’ai commencé par obtenir une poubelle. Pendant 4 ans, j’ai travaillé avec l’écran que j’avais acheté à Tahiti et je demandais aux élèves (je sais, ce n’était pas réglementaire, il y a un article qui interdit l’usage des appareils portables personnels des élèves) de l’utiliser quand même. J’ai investi dans un appareil et une tablette que j’ai prêtés aux élèves. Ma Direction a vu les travaux des collégiens et a proposé d’acheter 5 appareils photos numériques. Un ordinateur et la connexion internet m’avaient été accordés avec un vidéo-projecteur au bout de quatre ans.

Le chemin est long, je peux comprendre le désarroi de certains collègues face à cette impasse. Mais avec peu de choses, on peut obtenir des résultats. Comme le disait Monsieur Chardon, Inspecteur de mon académie, on peut détourner le vidéo-projecteur comme moyen plastique à part entière, l’utiliser pour créer des zones de lumière et d’ombres et aussi enseigner les couleurs optiques à partir de celui-ci.

Et renouveler les demandes auprès de la Direction en montrant des productions des élèves peut être très convaincant. Il faut avoir présent à l’esprit qu’ un chef d’établissement n’investit pas pour rien dans cet équipement; il faut lui présenter des arguments et des preuves tangibles de l’importance de ces investissements. Il faut lui montrer que c’est absolument nécessaire pour un enseignement conforme aux textes et aux programmes. Il y a les compétences du LPC qui vont dans ce sens mais aussi le B2I.

Un conseil précieux qui m’a été donné par Madame Marie Seymat, formatrice à l’IUFM: « avoir une bonne relation avec les agents de service ». Tenir sa salle de manière impeccable peut être un argument de taille quant au respect futur des ordinateurs ou appareils numériques achetés pour les arts plastiques.

Il ne faut pas baisser les bras, une connexion qui ne marche pas une semaine n’est pas si grave. La semaine suivante sera plus productive. Un bon entretien avec son chef d’établissement peut changer la donne. Il est nécessaire d’expliquer comment fonctionne une séquence et le contenu de nos programmes.

Un texte de préconisation d’équipement pour la salle d’arts plastiques a été rédigée par Christian Vieaux Inspecteur Général des arts plastiques – Groupe des enseignements artistiques que vous trouverez ici:

http://artspla-site-austral.ac-reunion.fr/spip.php?article46

Aujourd’hui, mes demandes ne sont pas encore totalement satisfaites. Je vais essayer d’obtenir trois ordinateurs dans ma salle de classe avec une borne wifi pour me permettre de diffuser instantanément les images des élèves depuis les postes informatiques. Un autre parcours commence …

La suite:

Je suis allée voir Madame Herrou, Principale de mon Collège et lui ai fait cette demande: d’équiper la salle d’arts plastiques de trois ordinateurs connectés en lui expliquant bien les enjeux du numérique dans nos pratiques. Bien évidemment, je pourrais emmener les élèves en salle informatique. Mais souvent, le montage d’un film ou d’un stopmotion, une retouche d’image doivent être faits sur le champ. « Les cours doivent être mêlés de pratiques traditionnelles avec celles du numérique et c’est justement dans la diverstité des pratiques effectuées -dans l’instant- que les élèves apprennent les enjeux de chaque technnique. Il est difficile de prévoir quand un élève va vouloir s’exprimer par le biais de l’informatique, de la vidéo ou de la photo et donc, de ce fait, de prévoir une séance complète en salle info. ». Mme Herrou m’a demandé de lui faire une liste de l’équipement souhaité. Je risque fort d’avoir ces ordinateurs dans le courant de l’année.

Le tout est de le vouloir et de prouver la nécessité de ces équipements dans la pédagogie des arts plastiques.

Ne baissez jamais les bras.

6 commentaires

  1. rachel

    Bravo!
    Belle preuve que ne pas baisser les bras est payant.
    Je n’arrête pas de dire à mes élèves qu’ils ont une chance incroyable car la salle d’arts plastiques est équipée de 5 portables en wifi, une imprimante, deux caméscopes numériques, d’un vidéo projecteur (bientôt 2) et d’outillages divers… tout cela fruit de 15 ans d’économie sur les crédits d’enseignement et d’une politique volontaire de ma principale et de l’agent comptable.

  2. LN

    Bonjour, Je suis admirative de votre parcours (du combattant !) et suis atterrée par les trésors d’énergie qu’il nous faut déployer pour simplement faire appliquer les textes… De mon côté, un chef d’établissement obtus, et aucune chance d’obtenir un jour un équipement digne de ce nom, malgré mes demandes répétées depuis 4 ans. Je suis face à un mur… J’économise donc sur mes crédits pédagogiques pour acheter ce matériel… Et je pense pourtant avoir fait la preuve de mon engagement, et de la qualité du travail fourni par mes élèves.

  3. Laure CARIOU

    merci de vos précieux encouragements. J’enseigne dans un petit collège rural du centre Bretagne et mon directeur va investir dans une imprimante 3D pour la techno mais ne comprend pas l’utilité d’équiper la salle d’arts plastiques avec autre chose qu’un projecteur. Je prête mon appareil reflex aux élèves et envisage de demander à utiliser les portables des élèves, malgré le règlement intérieur. Les nouveaux programmes font une part très importante aux compétences numériques et dans le cadre des EPI je trouvais que nous avions là une opportunité d’utiliser en collaboration le matériel et mettre en lumière l’activité de ce cours. En année de stage MEEF, nos mémoire d’analyse de pratiques et de didactiques doivent intégrer un compte rendus de séquences avec usage des TICE. Le chemin sera long. Quand il faut même justifier l’achat de peinture!!

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