Les prothèses dans l’art contemporain
Les prothèses, appareils et appareillages en tous genres ont pénétré dans l’art contemporain avec ce qu’ils ont de ludique, de terrifiant et de mystérieux. L’homme cherche-t-il a devenir de plus en plus performant avec ces prothèses ou alors ces oeuvres ne montrent-elles pas les limites du corps humain ? Les prothèses ne sont-elles pas aussi le témoignage, la preuve des horreurs passées de la guerre ? Volonté de puissance ou tout simplement souffrance, la prothèse est paradoxale et ambiguë.
Raoul Hausmann réalise un assemblage, L’esprit de notre temps en 1920 (bois et matériaux divers 32,5x21x20cm), qui montre un visage avec des objets collés dessus. Certes, il interroge le statut des mesures anthropométriques de l’époque mais ne s’agit-il pas également de prothèses ?
Marcel Duchamp, dans « En prévision du bras cassé » expose une pelle qui peut évoquer une prothèse. L’artiste est plein d’humour !
Otto Dix, dans les joueurs de Skat, 1920, montre les ravages de la guerre sur les soldats. Les joueurs ont des membres en bois et diverses prothèses. (oeil, oreille, bouche) Ce tableau nous montre les horreurs de la guerre. En effet, les personnages sont tous blessés, ils ont des prothèses à la place des machoires, des jambes etc … Pourtant, ils sourient. La guerre retire toute humanité aux combattants. Ces hommes sont coupés du monde. Ils sont exclus de la société car ils font peur.
Philippe Ramette défie l’horizon avec sa boîte-lunettes.
Marie Chouinard, une chorégraphie avec des béquilles et autres prothèses. Stupéfiant.
Rebecca Horn a imaginé quantité de prothèses faciales et corporelles. Véritables extensions du corps, l’artiste interroge les limites du corps humain qu’elle décuple. Très sculpturales, ces prothèses à la fois mystérieuses et élégantes sont créatrices de formes nouvelles.
Amplified Body/Third Hand, Stelarc, (cf : Performance, Body Art)
Michael Burton et Michiko Nitta, AlgaCulture, 2012.
Michael Burton, Nanotopia, 2006.
Javier Pérez réalise un masque de séduction plutôt étrange et inquiétant.
Le duo LucyandBart en performance post-body art, avec leurs prothèses déglinguées et mutantes
Sascha Nordmeyer, Hyperlip propose des prothèses buccales étranges qui déforment la perception du visage. Ses sortes de sourires figés défigurent les traits. Comment ne pas songer aux peintures de Yue Minjun avec ses éclats de rire terrifiants ?
Les prothèses sont objet d’opérations plastiques diverses et variées. Mais de ce thème riche et porteur, n’est-il pas important de se souvenir des souffrances de ces hommes de la guerre 14-18, ces gueules cassées qui ont été rejetées par la société tant elles étaient effrayantes ?
Mais dans cette aventure, une artiste a réussi à rendre beau une extension qui à priori ne l’est pas. Rebecca Horn réussit à rendre poétique des prothèses qui re-dessinent le corps et l’espace en les rendant à la fois plastiques et très graphiques. La prothèse dans ses oeuvres acquièrent de la grâce et de la poésie. Ses prothèses sont des extensions graphiques alors que d’habitude, elles défigurent le corps, comme des excroissances hideuses et rebutantes. La prothèse ne fait plus peur, elle devient objet de chorégraphie spectaculaire avec Marie Chouinard.
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