Le plastique dans l’art contemporain

Le plastique dans l’art contemporain.

On a coutume de parler des arts plastiques. Souvent pour m’amuser, je dis aux élèves de 6ème qu’ils vont apprendre à faire du plastique pendant ce cours. Mais qu’en est-il du plastique dans les oeuvres d’art ? Matériaux de récupération que nous utilisons volontiers pendant nos cours, ils sont bien présents sur la scène artistique avec diverses facettes, de la plus gaie à la plus sombre car en effet le plastique pose des problèmes au niveau écologique. Des animaux meurent chaque jour étouffés par ce matériau qui peut être tueur et ravageur pour la planète.

Une matière plastique ou en langage courant un plastique, est un mélange contenant une matière de base (un polymère) qui est susceptible d’être moulé, façonné, en général à chaud et sous pression, afin de conduire à un semi-produit ou à un objet.

Le mot « plastique » dérive du latin plasticus, lui-même issu du grec ancien πλαστικός (plastikós, « relatif au modelage »), dérivé du verbe πλάσσειν (plássein, « mouler, former ») dont dérive aussi le mot plasma.

Si l’on peut faire remonter l’histoire des matières plastiques à l’Antiquité, c’est surtout à partir de la fin du XIX^e siècle que leur utilisation se développe avec la mise au point de plastiques synthétiques. Au XV^e siècle av. J.-C., les Égyptiens employaient des colles à base de gélatine, caséine ou albumine. Ils utilisaient de la gélatine d’os pour le collage du bois.

C’est par une oeuvre spectaculaire que nous allons commencer ce voyage dans le plastique dans l’art contemporain. Voici une photo d’une exposition de Pascale Marthine Tayou, une immense installation très colorée constituée de « sacs en plastique » suspendue dans la galerie intérieure ouverte.

Mais c’est Tony Cragg qui excelle dans l’art de manipuler des objets en plastique. En 1966, Cragg a débuté par des études scientifiques et travaille, jusqu’en 1968, dans un laboratoire de biochimie : National Rubber Producers Research Association.  En 1973 (jusqu’à 1977), il réussit à entrer dans la prestigieuse école Royal College of Art, où il a commencé sa carrière comme sculpteur. Il se spécialise dans l’utilisation de matériaux bon marché, qu’on utilise tous les jours dont les plastiques.

sa célèbre palette de couleurs en plastique est connue du monde entier. Il dessine avec des morceaux d’objets.

Mais pour bien apprécier son oeuvre, encore faut-il connaître le procédé de fabrication des plastiques.

« Le pétrole brut est emmené dans une raffinerie, dans laquelle il va être distillé ; c’est a dire qu’il va être chauffé dans un immense « four », à une température pouvant atteindre les 3000°, dans le but de séparer les différentes molécules qui le composent. Les hydrocarbures (hydrogène + carbone) qui se sont séparés des autres molécules sont alors récupérés. Dans ce four tout en hauteur, la température est plus basse en haut. Comme l’hydrocarbure est une molécule assez lourde, elle va se retrouver en bas. La molécule pour fabriquer du plastique se condense entre 180° et 30°, c’est ce que l’on appelle le naphta sous forme liquide. Il faut casser les molécules d’hydrocarbures qui le composent : on va faire un vapo-craquage c’est à dire que l’on va mélanger les molécules avec de la vapeur d’eau et mettre tout cela à forte température (850°) dans un four. Cela va casser les molécules, avec deux, trois ou quatre atomes (éthylène, propylène et butène) ; on appelle ceci des molécules monomères. Il faut ensuite les assembler entres elles si elles possèdent le même nombre de molécules, pour en faire des polymères, comme le polyéthylène. C’est ainsi que se forme le plastique, sous forme de petites granules, et si l’on mélange de l’éthylène et du chlore, on obtient du PVC. On peut donc mélanger plusieurs molécules différentes et obtenir divers types de plastique. Autre exemple, en mélangeant benzène et éthylène on obtient du polystyrène (barquettes, stylo…). »

1. Les granulés sont introduits dans la trémie de la machine
2. La rotation de la vis sans fin entraine les granulés dans le fourreau
3. Les colliers chauffants et le malaxage de la vis font fondre les granulés
4. Une fois que la quantité de matière nécessaire est fondue, elle est accumulée en bout de vis et un mouvement de translation injecte la matière dans le moule.
5. Le refroidissement dans le moule permet à la matière de garder la forme du moule.
6. Une fois refroidie le moule s’ouvre et la pièce est éjectée
   Un nouveau cycle recommence

On peut donc dire que Tony Cragg s’est inspiré de la manière de fabriquer le plastique pour créer ses oeuvres d’art. En effet, les morceaux de plastique assemblés donnent une forme précise comme les granules qui crée les objets en plastique.

Bernard Pras utilise lui aussi le plastique dans ses oeuvres qu’il assemble pour donner lieu à de véritables images étonnantes et ludiques.

Daniel Firman nous présente une sculpture étonnante où l’homme n’a plus de visage. Recouvert d’objets en plastique, l’homme devient prisonnier de son invention.

Cette splendide robe à traîne a été confectionnée par Enrica Borghi avec des bouteilles en plastique. Le plastique se met aux couleurs de la mode.

Joana Vasconcelos s’est inspirée d’un bijou traditionnel portugais. Il rappelle également les bijoux de deuil portés en France au 19^ème siècle. L’utilisation du noir fait écho au nom donné à la salle qui lui sert d’écrin soit le « Salon de la Guerre ». Enfin bien des visiteurs passeront sous ce lustre sans relever qu’il est fait de couverts en plastique, l’objectif de l’artiste n’est pas de choquer mais d’accompagner le public dans sa (re)découverte du château.

Le plastique c’est aussi des jouets célèbres pour les enfants. La poupée Barbie en est un exemple. Dans leur exposition « Barbie, la religion de plastique », les artistes argentins Pool Paolini et Marianela Perelli présentent pas moins de trente trois poupées Barbie et Ken grimées à la manière de figures religieuses.

Freya Jobbins détourne des jouets en plastique pour en faire des sculptures surprenantes à la manière d’Arcimboldo.

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Claire Morgan réalise une sculpture toute en légèreté avec des sacs poubelles bleu.

Avec les impressions 3D, les possibilités de réaliser des oeuvres d’art son décuplées: Joshua Harker a par exemple présenté son crâne.

Marcel Duchamp, ce visionnaire des matériaux a utilisé du plastique dentaire pour cette oeuvre Coin de chasteté

Niki De Saint Phalle, Grand Tir Plâtre, peinture, grillage, ficelle, plastique sur panneau d’aggloméré — 143 × 77 × 7 cm Collection privée ; Courtesy of the Galerie G-P & N Vallois, Paris — Photo © André Morin

Anna Brégéaut fait fondre un disque 33 tours pour inventer des formes molles … une autre matière synthétique …

Georges-Pascal Ricordeau réalise des tableaux colorés avec des matières plastiques.

Mary Ellen Croteau recycle des bouchons de bouteille

Tom Deininger réalise des assemblages de plastique qu’il réussit à composer pour faire une image réaliste. Ce gif montre les procédés de fabrication.

Avec ce drapeau américain, l’artiste dénonce la société de consommation américaine.

Et les artistes ont aussi une vision plus pessimiste avec les matériaux plastiques comme David Altmejd qui montre des visages rongés par des matières chimiques et des minéraux.

Sans titre, 2008, plaster, foam, epoxy clay, synthetic hair, amethyst, calcite, Plexiglas, beads, paint

Hideki Kuwajima

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