Les organisations apprenantes : c’est un concept qui vient du monde de l’entreprise qui est ici adapté au monde de l’éducation. Basée sur les travaux de Piaget, les entreprises ont réfléchi comment améliorer la circulation des savoirs et des apprentissages au sein de l’entreprise. Cette organisation apprenante peut être mise en place dans les collèges mais aussi dans les classes.
« La théorie des organisations apprenantes peut être vue comme une stratégie mise de l’avant afin de permettre aux organisations et aux communautés de mieux composer avec un environnement, non plus présumé comme prévisible, stable et cloisonné, mais considéré comme complexe, éphémère, instable, imprévisible et inextricablement enchevêtré. » (2)
Dans nos classes, il s’agira de montrer une réalité plus riche que celle stéréotypée dans la mentalité des élèves allant contre les préjugés et autre formes d’a priori. C’est bien cette richesse environnante artistique et plastique qui est au coeur de nos apprentissages.
« L’équipe de chercheurs de la Société pour l’apprentissage organisationnel – Sloan School of Management, Massachusetts Institute of Technology. Ces derniers ont identifié trois dysfonctionnements culturels faisant obstacle à la création d’une telle culture : “ la fragmentation ”, qui engendre l’isolement et le réductionnisme ; “ la compétition ”, qui provoque le dualisme et l’affrontement ; “ l’orientation action/réaction ” qui fonde nos décisions et nos actions sur le symptôme, l’événement et le court terme. » (2)
Peter Senge (1990) définit les organisations apprenantes comme « des organisations où les gens développent sans cesse leur capacité à produire les résultats qu’ils souhaitent, où des façons de penser nouvelles et expansives sont favorisées, où l’aspiration collective est libérée et où les gens apprennent continuellement à apprendre ensemble » (1)
La classe d’arts plastiques est une organisation humaine qui en oeuvre un ensemble de pratiques et des dispositifs pour rester en phase avec le milieu et l’histoire culturelle. Chaque classe peut être considérée comme un système vivant opérant au sein de la société qui l’entoure. Chaque élève est inscrit dans cette société et est attentif à elle. Dans une organisation apprenante tous les membres apprennent les uns des autres (socio-constructivisme). Ces échanges transversaux permettent l’émergence du vivant dans nos cours, qu’elle soit créativité, connaissances collectives ou adaptation permanente au contexte. C’est ce qui assure le développement durable de cette organisation.
l’organisation (en entreprise) doit développer cinq activités :
- la résolution de problèmes en groupe ;
- l’expérimentation : lancer un projet, faire une expérience pilote, etc. sont des occasions d’apprentissage ;
- tirer les leçons des expériences : prendre le temps de dresser un bilan des succès comme des échecs ;
- apprendre avec les autres : clients, partenaires, fournisseurs, etc. ;
- transférer les connaissances : c’est un point crucial. Il faut mettre à la disposition de ceux qui en ont besoin une base qui rassemble les connaissances utiles.
transposé au monde de l’éducation, l’organisation doit développer cinq activités:
- la résolution de situations problèmes en groupe
- l’expérimentation: lancer des idées, les mettre en oeuvre, constater l’efficacité et la pertinence des réponses trouvées
- tirer les leçons des expériences: dresser un bilan des réussites et des difficultés
- apprendre avec les autres: camarades, parents, enseignants, etc
- transférer les connaissances dans d’autres contextes: c’est ce passage de transfert qui est le plus dur à appliquer des élèves.
« Contribuer au savoir devient un critère clé de toutes les activités de l’organisation. C’est mettre en œuvre la volonté de développer la capacité de l’organisation elle-même (et plus seulement des personnes) à apprendre de l’expérience et à évoluer en prenant appui sur celle-ci. C’est investir dans la capacité de chaque personne à monter en compétence et dans la capacité collective à évoluer des groupes qui composent la structure. » Wikipedia
On peut diviser le processus d’apprentissage proprement dit en quatre niveaux.
-Le premier niveau est axé sur l’apprentissage de faits, de connaissances, de processus et de procédures.
-Le deuxième niveau concerne l’apprentissage de nouvelles compétences disciplinaires.
-Le troisième niveau – apprendre à s’adapter – s’applique à des situations plus dynamiques, dans lesquelles le mode d’apprentissage consiste à expérimenter et à tirer des leçons des succès et des échecs.
-Le quatrième et dernier niveau consiste à apprendre à apprendre. Il s’agit plus d’innovation que d’une simple adaptation à celle-ci. C’est dans ce contexte que les suppositions, les croyances et les perceptions profondément ancrées sont remises en cause et que les hypothèses sont vérifiées.
Pratiques pour créer une organisation apprenante:
Pensée et actions systémiques: la pensée est un phénomène psychique propre à un agent appelé « Sujet » dans lequel des opérations mentales conscientes, intentionnelles, transitives et hiérarchisées donnent des produits appelés connaissances à partir des données des sens et de la conscience. (2)
Pour permettre la pensée systémique, il faut un changement d’état de pensée. Il faut voir:
- des interrelations plutôt que des relations de cause-effet
- des processus de changement plutôt que des instantanés
La vision partagée: La vision crée un objectif qui transcende tous les autres et engendre une nouvelle manière d’agir et de penser. Dans une vision partagée chacun se sent responsable de l’ensemble autant que de ce qui le concerne individuellement.(2)
Maîtrise personnelle : La maîtrise personnelle trouve sa source dans la compétence et le talent. Elle dépend de l’épanouissement intellectuel des individus, mais elle est plus qu’une ouverture d’esprit. Faire preuve de maîtrise personnelle signifie de vivre ses apprentissages comme un acte créatif et non comme une réaction aux événements. La maîtrise n’est donc pas une domination sur les êtres et les choses. C’est un niveau de savoir-faire guidé par un projet. (2)
Apprentissage d’équipe: Le travail d’équipe demande dialogue et discussion. La science trouve ses racines dans la conversation. « La coopération entre plusieurs personnes peut déboucher sur des résultats scientifiques considérables » (Werner Heinsenberg). (2)
Modèles mentaux : « Le plus grand apport des sciences cognitives a été de démontrer clairement que tout comportement humain implique un certain niveau de représentation mentale » (Howard Gardner, 1985). Les modèles mentaux sont nombreux. L’essentiel est de comprendre que ces modèles influencent profondément nos actes, non qu’ils soient bons ou mauvais. Ils sont tous des simplifications, mais des simplifications que nous ne soumettons pas à la critique. (2) L’un des modèles les plus tenaces est la conception à la fois des élèves et des enseignants est celui de la conception pyramidale de l’enseignement.
La pensée tubulaire est une pensée étroite et unique de la perception de la réalité alors que celle-ci est multiple et variée. La pensée tubulaire « renvoie à une façon, conditionnée par notre culture, que nous avons d’appréhender la réalité à travers une perspective unique et souvent étroite, alors que la réalité est inépuisable quant aux perspectives à partir desquelles elle peut être saisie. La pensée tubulaire nous empêche d’en appréhender la richesse et nous impose une saisie étroite de la réalité. »
« l’analphabète de l’an 2000, ne sera pas celui qui ne saura ni lire ni écrire, mais celui qui ne saura apprendre, désapprendre et “ réapprendre ” ». Toffler (1)
La théorie des organisations apprenantes nous permet de dépasser nos propres systèmes, nos propres représentations en nous proposant une pensée à long terme et élargie tout en étant ancrée dans notre société en pleine mutation.
(1) https://www.cairn.info/revue-internationale-des-sciences-administratives-2005-3-page-497.htm
(2) http://theses.ulaval.ca/archimede/fichiers/20640/ch03.html