L’enseignement est radicalement bouleversé par l’entrée des compétences dans nos programmes. Nous ne pourrons plus travailler de la même manière puisque notre regard doit changer sur les élèves. D’ailleurs, les observions-nous davantage que leurs productions finales ?
Qu’apprend-on de nous-mêmes avec une note ? Pas grand chose de signifiant sur nos capacités ni compétences. La note fige en un nombre un ensemble de capacités qui parfois n’ont rien à faire ensemble. Elle se traduit dans la mentalité des élèves par « je suis bon » ou « je suis mauvais ». La note jugerait, du point de vue de l’élève mais aussi des parents, un « état » à priori immuable et déterminé une fois pour toutes.
Avant de regarder de près l’enseignement par compétences, il est intéressant de relever quand, dans nos gestes de métier, nous avons recours à elles.
Par exemple: lorsque nous préparons cos cours et que nous menons des recherches sur internet:
Nous recherchons des supports d’activité sur internet pour construire notre cours. = situation d’exercice d’une compétence?
– un ensemble d’actions dans des situations complexes (diverses et multiples) – s’appuyant sur des capacités (Internet) des connaissances (liées au sujet) avec des attitudes (esprit critique)
La mise en œuvre d’une compétence est indissociable d’une connaissance •
- Vie = succession de situations complexes •
- Vivre = construire et transférer des compétences •
- Enseigner par compétence c’est permettre la construction d’une identité citoyenne, la construction de soi des élèves.
Quelles définitions ? Une compétence permet de faire face à une situation complexe et nouvelle, en l’identifiant et en construisant une réponse adaptée. Cette réponse n’est pas puisée dans un répertoire de réponses préprogrammées. Dans l’enseignement français (socle) : la compétence est une combinaison de connaissances fondamentales, de capacités à les mettre en œuvre dans des situations variées et d’attitudes indispensables tout au long de la vie. Cette mobilisation des ressources s’effectue dans une situation donnée, dans le but d’agir : la compétence est nécessairement située; pour autant, elle s’exerce dans une diversité de situations, à travers un processus d’adaptation et pas seulement de reproduction de mécanismes.
Les six compétences fondamentales:
- S’approprier L’élève s’approprie la problématique du travail à effectuer et l’environnement matériel
- Pratiquer L’élève met en œuvre un protocole expérimental, il prend des décisions.
- Analyser L’élève justifie ou propose un protocole, justifie ou propose un modèle, choisit et justifie les modalités d’acquisition et de traitements de ce qu’il a produit.
- Valider L’élève identifie les sources d’erreurs, peut se les approprier, estime l’incertitude sur les décisions effectuées et analyse de manière critique la cohérence des résultats obtenus.
- Communiquer L’élève explique, représente, commente sous forme écrite et/ou orale, formule des conclusions. Il doit faire preuve d’écoute vis à vis du professeur et de ses pairs. Il échange et confronte son point de vue. Il ne doit pas rester le seul à valider sa réponse mais bien par tous.
- Etre autonome, faire preuve d’initiative L’élève fait preuve d’autonomie, de curiosité et s’implique dans les activités expérimentales, exploratoires ou de réinvestissement.
A propos des compétences
Quelles définitions ?
Connaissance (savoir) : elle peut être nommée ou écrite (notion, règle, outil, fonctionnement,…). C’est le résultat d’un processus.
Capacité (savoir-faire): elle est formulée en termes d’opération pour agir, elle permet la mise en œuvre des connaissances
Attitude (savoir-être) : c’est une prédisposition à l’action. Elles sont développées dans les situations d’apprentissages
Le socle détermine les objectifs des programmes:
-Il n’existe pas de compétences sans connaissances, en revanche on peut avoir de nombreuses connaissances et de faibles compétences.
-Toute connaissance ou capacité prise isolément réfère à la compétence qui lui donne sens: l’élève se souviendra du processus d’apprentissage des connaissances et pourra ainsi mieux les réutiliser car elles seront contextualisées.
Transversalité:
Une compétence sollicite plusieurs disciplines et chaque discipline nourrit plusieurs compétences. En effet, une même compétences peut s’exprimer de manières différentes (contenus) mais avec les mêmes engrenages (rouages).
Se positionner différemment:
l’enseignant évolue: il effectue un recentrage sur les processus plutôt que les contenus. Comment l’élève apprend-il ? Comment intériorise-t-il ses connaissances, selon quels rouages ? La mise en oeuvre des compétences permettra à l’élève de répondre à la question « Comment apprend-ton » plutôt que le « que doit-on apprendre ? »
l’élève évolue:
appliquer = s’impliquer restituer = raisonner, on voit bien que l’effort de restitution soit par l’élève soit par ses pairs nécessitent une bonne part de raisonnement et d’observation critique.
L’élève n’apprend plus pour être évalué, mais est évalué pour mieux apprendre. L’évaluation n’est plus une sanction.
Voici un schéma proposant la mise en place dynamique des compétences chez les élèves: partir de la motivation pour arriver à la concrétisation du projet avec l’acquisition de nouvelles compétences et connaissances.
Diagnostiquer et diversifier: l’élaboration de l’estime de soi
Eviter le tout « complexe » (lire l’article sur la pensée systémique)
Distinguer compliquer (qui renvoie à la maîtrise) et complexe (articulation): le compliqué nécessite d’acquérir des connaissances et compétences afin de dépasser le problème. Le complexe en revanche peut être éclairci en puisant dans nos ressources personnelles de compétences et de connaissances afin de les articuler entre elles avec une procédure de transfert afin de le dépasser. Tous les élèves ont des compétences dont ils n’ont pas vraiment conscience. L’enseignement par compétences va renforcer l’estime de soi, chose que ne fixait pas la note.
La compétence repose sur la mobilisation, l’intégration, la mise en réseau d’une diversité de ressources internes (connaissances, capacité, attitudes) mais aussi externes La compétence est située, elle s’effectue dans une situation donnée, dans le but d’agir.
Dans le complexe, définir une gradation des niveaux de maîtrise
- élémentaire = exécuter une tâche (application)
- Intermédiaire: choisir, en situation nouvelle, une procédure connue (transfert)
- de haut niveau= choisir plusieurs procédures dans le répertoire de ses ressources et les combiner pour traiter une situation nouvelle et complexe (compétence): l’élève apprend à apprendre : il en comprend les mécanismes et étudier n’est plus pour lui une nébuleuse inaccessible. Il peut ainsi avoir confiance en lui, en ses capacités.
- Il ne faut pas répartir ces degrés de niveau de maîtrise aux cycles par exemple l’élémentaire en cycle 1, l’intermédiaire en cycle 2 et celle de haut niveau en cycle 3 et 4.
Proposer la tâche complexe à tout moment du processus d’apprentissage: formation et évaluation
Agir en amont:
- identifier les acquis (progressivité de vos séquences, partir des représentations initiales)
- respecter le rythme d’acquisition de chaque élève (rôle d’accompagnateur)
- adapter les situation de travail (souplesse de vos dispositifs)
- personnaliser les aides (identifier les besoins chez chaque élève)
Personnaliser :
Etayer par des aides ciblées: agir sur les ressources internes (savoirs, savoirs-faire, stratégie, etc) et externes (documents, références, productions des autres élèves, etc). Les mises en commun sont de véritables étayages.
Désétayer : agir sur les ressources internes pour que l’élève se détache progressivement des ressources externes. C’est la base de la formation de l’autonomie chez l’élève.
Elèves qui réussissent sans aide : évaluer positivement les connaissances et capacités requises, lui faire verbaliser son cheminement afin qu’il prenne conscience de son processus de création.
Elèves ayant utilisé une aide: évaluer positivement les connaissances et capacités appropriées : il n’y a pas de honte à avoir recours à des aides pour progresser dans la vie. Les élèves n’ont pas tous le même environnement social et familial. L’école doit répondre au développement de chacun.
L’enseignant choisit d’évaluer le tout ou parties de la classe, le tout ou parties des connaissances et capacités
Varier en complexifiant les situations d’enseignement:
progression spiralaire et complexification au sein de la séance, puis de la séquence, enfin du cycle et des cycles
Diversifier:
- activités de recherches et de production : pratique
- phases de construction des connaissances : mise en commun, travail de groupe, coopération
- phases de structuration des connaissances : verbalisation des actions, relations avec les références artistiques
Quelles conséquences pour l’enseignement par compétences?
-Recentrage sur les processus d’apprentissage plutôt que les contenus d’enseignement
-Méthode : Processus de contextualisation, décontextualisation – recontextualisation pour un transfert de savoirs
-Mobilisation de ressources dans de nouvelles situations (savoir vivant)
Importance de la demande ouverte permettant aux élèves de se positionner. Les propositions ouvertes ont cette capacité de ne pas créer de compétitivité entre les élèves: plusieurs réponses sont possibles.
Evaluer, remédier:
« Répondre à la question « qu’évalue-t-on ? », c’est s’engager dans une réflexion sur ce que l’on enseigne, sur notre façon de l’enseigner, sur ce que les élèves apprennent en arts plastiques. » (1)
(lire l’article sur l’évaluation par compétences ici:
Evaluer en cours et en fin d’apprentissage (l’évaluation accompagne la construction de la compétence) Remarque préalable : ce que l’on valide c’est la façon dont l’élève utilise ses savoirs ; s’il n’arrive pas à résoudre la situation cela peut venir du fait qu’il n’a pas le savoir, ou qu’il ne sait pas l’utiliser ; en cas de non réussite, il faut donc vérifier.
Avant de mettre en place la remédiation, elle demande un diagnostic :
Cas 1 : l’élève ne possède pas le savoir : comment a-t-il été diffusé ? Evalué ? Qu’est-ce qui empêche l’élève de l’atteindre ? Qu’est-ce qui est bloquant ?
Cas 2 : l’élève possède le savoir (il sait résoudre des tâches simples) mais ne mobilise pas ce savoir dans une situation complexe ; dans ce cas, il faut continuer à l’entraîner en lui fournissant plus d’indices, de ressources, de coup de pouce qu’aux autres.
Utiliser les grilles de référence qui explicitent chaque lien, qui donnent des repères pour chaque palier
Clarifier les critères: pondérés, indépendants, peu nombreux, communiqués aux élèves
Penser la remédiation:
L’évaluation est une prise d’information, une mesure des progrès.
L’évaluation est un acte pédagogique qui accompagne les élèves dans leurs acquisitions actives de compétences. Elle permet à l’élève de se situer et de mesurer le chemin à parcourir.
Les appréciations doivent donner à l’élève des indications pour :
-comprendre ses erreurs, en arts plastiques elles peuvent être signifiantes.
-des pistes pour les dépasser,
-un encouragement à se lancer.
Voici un tableau montrant la complexification d’une compétence du cycle 2 au cycle 4
La validation des compétences est une décision institutionnelle qui s’appuie sur une concertation collégiale pour le socle commun.
« Une main habile sans la tête qui la dirige est un instrument aveugle ; la tête sans la main qui réalise est impuissante » Claude Bernard
« Le thème des rapports entre savoirs et compétences relève sans doute d’abord de la psychologie cognitive ou de la didactique. Cependant, c’est aussi un problème éminemment sociologique, parce que les savoirs sont des représentations sociales, parce que la mobilisation des savoirs, aussi bien que la formation ou l’évaluation des compétences sont des enjeux vitaux pour les organisations et les sociétés humaines, parce que ces notions jouent un rôle fondamental dans les stratégies de distinction, les classements, les processus de sélection et d’orientation, dans la vie scolaire. » Philippe Perrenoud
Tableau montrant l’évolution des compétences du cycle 2 au cycle 4: (cliquer sur le fichier PDF ci-dessous pour agrandir)
Télécharger l’image en PDF pour une meilleure lecture:
Enseigner par compétences implique donc que nos demandes vont devoir être reformulées afin de mettre en évidence la ou les compétences mises en oeuvre dans la séquence.
C’est la base de l’enseignement explicite (sujet d’un prochain article).
Sitographie:
Article augmenté et établi par les travaux de Catia Bathiot, académie de Nancy Metz
Article également de Marie-Blanche MAUHOURAT Frédéric THOLLON IGEN, http://www.lpjeandarcet.fr/images/documents/Enseigner%20par%20comp%C3%A9tences.pdf
Michelle Rondeau-Revelle, Académie de Créteil
Article en cours de rédaction déjà intéressant !
Merci
Bonne journée !