Le Portrait d’une jeune fille (ou Portrait d’une jeune femme) fut réalisé entre 1460 et 1470 et acquis par la famille Médicis, grands mécènes de l’époque.
Il ne s’agit pas d’un membre de la famille Médicis et on sait peu de choses au sujet de ce modèle.
Coiffée d’un hennin, la jeune fille très jeune semble hautaine et lançant comme un défi du regard au peintre. Rendu à la mode par Isabeau de Bavière, le « bonnet pointu », renommé le hennin (néerlandais : henninck ‘coq’), était une coiffe féminine conique en forme de pain de sucre qui fit son apparition en France vers 1420 et se répandit ensuite en Italie, en Allemagne et dans les Pays-Bas bourguignons. La longueur du voile posé sur la structure cônique indiquait le rang de celle qui le portait. S’il atteignait la ceinture, il était porté par une bourgeoise. S’il atteignait les talons, il était porté par l’épouse d’un chevalier. Et enfin, s’il trainait au sol, il était soit porté par la reine, soit par une princesse.
Christus sera-t-il assez doué pour restituer la beauté et la fraîcheur de la jeunesse de son modèle ? Cette jeune fille a un teint clair qui contraste avec l’obscurité environnante. Les tons qui l’entourent sont sombres mais chauds et contrastent avec le bleu froid de sa robe. Le col en hermine éclaire le visage. La source lumineuse provient de la gauche et est diffuse: il n’y a pas d’ombres portées clairement dessinée sur le mur, qu’une projection légèrement plus sombre.
Ce visage nous saisit car il émane de cette jeune fille la fraîcheur de la jeunesse contrastant avec une sombre gravité dans le regard. Ses yeux pincés en amande lui confèrent une expression hautaine et pleine d’assurance. Mais le peintre n’a pas tremblé: pas une touche de peinture vient perturber la surface lisse et nette du tableau.
« L’identité du modèle reste conjecturale, mais certains historiens ont évoqué une jeune aristocrate anglaise, Anne (ou Margaret) Talbot, fille de John Talbot, comte de Shrewsbury (1427-1453.)Elle serait venue à Bruges assister au mariage de Charles le Téméraire avec Marguerite d’York en 1468. » (1)
Son collier est richement ouvragé et le peintre, à cet endroit précis, dessine davantage qu’il ne peint. Ce contraste de facture accentue la peau lisse et le modelé impeccable de ce portrait. Sculpturale, la peinture offre au regard les formes parfaites de son visage. Entre la partie éclairée de la joue gauche de la jeune fille dont les tons tirent vers le jaune pâle et la partie dans l’ombre légèrement grisée, un halo discrètement rosé donne toute la force de l’incarnat. La bouche est mise en valeur par une ombre un peu plus forte qui la découpe.
La jeune fille nous soutient du regard et n’affiche aucun signe de soumission ce qui est nouveau pour l’époque. « Le choix du regard plein d’assurance et orienté vers l’observateur constitue une originalité car la modestie, l’obéissance et la retenue en toutes choses étaient exigées des femmes à cette époque. Le peintre capte donc l’audace d’une adolescente de la haute aristocratie qui pose devant un petit artisan doué d’assez de talent pour la représenter. » (1)
Pour renforcer l’effet de volume, le modelé du visage où aucune aspérité ne vient troubler la surface de l’épiderme de la jeune fille, Petrus Christus encadre celui-ci de motifs peints sur le collier et sur la dentelle du hennin.
Ce que le spectateur retient de la peinture, c’est l’intensité de ce regard perçant noir se détachant sur une peau délicate de cette jeune fille de caractère.
Des artistes ont détourné ce portrait dont Solange Abayou:
Essai pour le visuel de la saison 2015/2016 du Théâtre Le Quai – Angers – Petrus Christus Young Girl et chamallow
Essai pour le visuel de la saison 2015/2016 du Théâtre Le Quai – Angers – Petrus Christus Young Girl et étoiles
(1)http://www.rivagedeboheme.fr/pages/arts/oeuvres/petrus-christus-portrait-d-une-jeune-fille-v-1470.html