La Madone à l’Enfant est un thème bien ancien dans l’histoire de l’art. Dès l’époque Byzantine, celles-ci sont réalisées par les moines selon des codes bien précis. Quand on regarde l’histoire de ce thème, on comprend bien que c’est un sujet presque anthropologique montrant les relations ou l’absence de relation mères-enfants dans l’histoire notre société occidentale. Les modèles de comportements étaient véhiculés par ces représentations et les familles devaient s’y conformer. Ce thème est à relier avec celui du statut de l’enfant dans la société et sa place dans celle-ci. Comment était-il considéré durant les époques de l’histoire ?
La Vierge de Vladimir ou Notre Dame de Vladimir, du XIIème siècle est certainement la plus célèbre de toutes les icônes byzantines. Le modèle de l’icône est du type Eleousa, la joue de l’enfant Jésus est collée contre celle de sa mère, posture qui montre un lien profond d’affection entre eux. Mais l’enfant a un visage sans âge : ce n’est pas un bébé ni un adulte. Ce visage représente tous les stades de l’enfance. C’est par la taille du visage que nous comprenons qu’il s’agit d’un enfant en bas âge.
La Madone de Cambrai , (anonyme), v. 1340. Tempera sur panneau de cèdre. 35,7 cm x 25,7 cm. Cathédrale de Cambrai , France.
La Vierge et l’Enfant entourés d’anges, Diptyque de Melun (1450) de Jean Fouquet. Ce tableau est remarquable par le choix des couleurs et par sa composition.
Rogier van der Weyden , Vierge et l’Enfant . Une interprétation libre et demi-longue de la Madone de Cambrai par van der Weyden, après 1454. La copie de van der Weyden a été adaptée par la suite par Dieric Bouts . Les visages sont plus naturalistes. Le modelé des formes est délicat et précis.
Gerard David , Vierge et l’Enfant avec quatre anges , v. 1510-15. 63,2 cm × 39,1 cm, Metropolitan Museum of Art . Le peintre situe la scène dans un jardin clos rappelant l’Hortus conclusus. « L’hortus conclusus (« jardin enclos » en latin) est un thème iconographique de l’art religieux européen qui joue un rôle prééminent dans la poésie mystique et la représentation artistique de la Vierge Marie. Ce terme provient du Cantique des cantiques 4, 12 de la Vulgate : « Hortus conclusus soror mea, sponsa ; hortus conclusus, fons signatus. » (« Ma sœur et fiancée est un jardin enclos ; le jardin enclos est une source fermée. ») »(1)
Martin Schongauer, Vierge à l’Enfant dans un jardin de roses.
Raphaël dans La Madone à la Chaise, de 1513, choisit un cadre circulaire nommé tondo. Cette forme accentue la relation exclusive entre la mère et son fils. Le modèle Eleousa est repris de manière plus délicate et subtile. L’enfant est peint avec les caractéristiques de l’enfance mais idéalisée par le peintre. La beauté de la Vierge et de Jésus était le prétexte pour émouvoir les fidèles. On voit que la Mère prend soin de son fils avec ses jambes et bras potelés.
Ceci est dû au fait que le mot hollandais pour désigner une orange est sinaasappel ou pomme chinoise. (2)
L’oeillet et le couteau sont des symboles de la Passion du Christ. Une veduta est représentée dans la scène mais dont la vue est barrée par l’homme lisant dont l’expression attristée préfigure le tragique destin de Jésus.
(Le tableau d’autel des Montefeltre)
Piero della Francesca , 1472-74
Huile sur bois, 248 x 170
Pinacotheque de Brera, Milan
(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Hortus_conclusus
(2) http://enigm-art.blogspot.com/2013/05/lorange-dans-la-peinture.html