Cours de dessin ou cours d’arts plastiques ?

Faut-il transformer la discipline en accordant une place fondamentale au dessin (dans l’acception classique du terme) ?

Le dessin n’est plus une discipline à part entière enseignée dans les collèges. Il ne disparaît pas pour autant des arts plastiques. Nous abordons le dessin sous toutes ses formes y compris contemporaine. A l’occasion de séquences, le dessin peut devenir un temps d’enseignement mais inscrit dans une problématique plus complète avec notamment sa dimension contemporaine.. Par exemple, lorsqu’on aborde les questions de l’espace dans une séquence, on peut très bien prendre le temps d’expliquer la perspective aux élèves mais à condition de leur permettre de découvrir d’autres systèmes de représentation spatiale.

Le dessin n’est pas seulement qu’une trace matérielle laissée sur un support. « Jusqu’à la fin du XIXe siècle, l’usage du terme « dessin » correspondait à une création plus ou moins exactement définie par ses fonctions et sa matérialité, de telle sorte que l’établissement d’une classification peinture-sculpture-dessin-estampe ne soulevait pas de difficulté essentielle. Mais les transformations du XXe siècle ont totalement bouleversé ces conceptions traditionnelles ; l’évolution des concepts fondamentaux et des pratiques artistiques a provoqué un véritable éclatement de ces notions, sans qu’une nouvelle terminologie vienne rendre compte de la richesse des propositions formulées par les artistes. » (1)

Le cours de dessin classique pur permet aux élèves d’acquérir des connaissances mais pas de se forger une posture artistique plus large. L’artistique est au centre de nos programmes. Changer nos méthodes d’apprentissages, risque d’être un sacré recul si on revient à un enseignement plus directif et frontal avec le dessin comme unique but à inscrire dans nos séquences.

Mais pourtant on peut s’interroger sur l’importance du dessin chez les élèves au collège. En effet, nombreux se détournent de cette pratique dès la classe de sixième. Ce phénomène est bien normal : le développement du dessin chez l’enfant suit plusieurs phases importantes. La volonté de réalisme est ce qui motive l’enfant pour représenter le monde qui l’entoure. Du réalisme manqué au réalisme fortuit, au réalisme intellectuel puis au réalisme visuel vers 11-12 ans, l’enfant va développer des stratégies pour représenter tout ce qui l’entoure. Par exemple le réalisme intellectuel est un stade important : l’enfant représente plusieurs points de vue superposés afin de tout renseigner sur l’objet représenté, l’enfant réalise des maisons « transparentes » pour montrer ce qu’il se passe à l’intérieur.

Mais lorsque l’enfant parvient à l’âge du réalisme visuel, la technique risque de lui faire défaut. Ainsi, s’il ne maîtrise pas la perspective, il se détournera du dessin. Ceci est un vrai problème car dans sa vie future, l’adulte aura souvent besoin de s’exprimer par le dessin, constat de voitures, plans de sa maison, croquis de ses idées, etc

Revenir à des pratiques de dessin permettrait donc d’apporter des réponses à ces enfants en quête de réalisme dans leurs représentations. On peut se dire que ce changement dans nos enseignements répondrait aux aspirations, au développement des enfants.

Mais doit-on répondre sans sourciller à ce développement chez l’enfant sans s’interroger, sans le questionner ? Faut-il toujours répondre à la demande et abandonner ce qui a été construit depuis trente ans par les enseignants d’arts plastiques : la construction d’une pratique réflexive et d’un sens critique, esthétique ?

Ce qui fait le bonheur d’un cours d’arts plastiques c’est bien l’épanouissement des élèves. Un cours de dessin ne pourra pas créer une même dynamique chez les enfants. Revenir à un cours de dessin classique engendrerait de l’ennui chez les élèves et aussi chez le professeur. Ce serait aussi creuser les inégalités : il y aura les bons et les piètres dessinateurs.

Mais il est possible d’accorder une place plus grande au dessin dans nos dispositifs sans délaisser la part de questionnement chez les élèves. C’est tout simplement une question de dosage. Mais on peut également métisser nos postures en créant des dispositifs tantôt transmissifs et à d’autres moments plus ouverts. Ne plus enseigner les arts plastiques de manière ouverte et questionnante serait une grande perte pour nos élèves qui certes ont besoin d’avoir les outils pour se représenter le monde mais qui ont besoin surtout d’élargir leur vision de celui-ci.

(1) https://blogs.univ-tlse2.fr/littera-incognita-2/2016/10/03/dessin-contemporain-vers-une-approche-intermediale/

4 commentaires

  1. Gérard Bertin

    Réflexion pertinente Si je peux me permettre d’ajouter . Tout dépend de la visée ! Le dessin outil créatif ,étape dans le process créatif OUI ! Mais libre §

  2. Betty

    Cette question de la place du dessin dans le cours d’arts plastiques m’intéresse particulièrement. J’aimerais questionner cette pratique du dessin avec les élèves

Laisser un commentaire