« Au début n’est pas le verbe, encore moins la théorie. Au début est l’action », « c’est par l’action que commence la pensée » Vergnaud.
Au commencement, une fantasmagorie poétique :
Longtemps, en regardant mes élèves faire et produire dans les cours d’arts plastiques au collège, que je me suis dit que chaque problème ouvert qui leur était posé devait fonctionner comme un « voyage » dans leur système de représentations. Je faisais un parallèle avec les contes que j’avais pu lire dans mon enfance avec entre autres les figures du héros et du voyageur.
Le concept du monomythe de Joseph Campbell, certes très critiqué par les universitaires, peut, peut-être, nous aider à comprendre ce qui se joue dans l’élève lorsqu’il est confronté à une question à laquelle il n’y a pas qu’une seule réponse mais un champ de possibilités nouvelles.
Pour Campbell, le schéma que suivent ces héros est le même dans de nombreux mythes: Il avance que tous les mythes du monde suivent ce schéma, ce qui est une aberration. C’est la portée universelle qu’a affirmée Campbell qui est critiquée par les universitaires. (Lesley Northrup, Muriel Crespi, Alan Dundes qui voit en lui un vulgarisateur)
Mais cette progression qu’il a tracée du héros mérite qu’on s’y attarde…pour l’utiliser différemment.
- Un appel à l’aventure, que le héros doit accepter ou décliner. (problème ouvert)
- Un cheminement d’épreuves, où le héros réussit ou échoue. (explorations, expérimentations)
- La réalisation du but ou du gain, qui lui apporte souvent une meilleure connaissance de lui-même. (réinvestissement)
- Un retour vers le monde ordinaire, où le héros réussit ou échoue. (connaissances)
- L’utilisation du gain, qui peut permettre d’améliorer le monde. (wikipedia) (création)
Ce cheminement, me semble-t-il, ressemble fort au parcours de l’élève en classe lorsqu’il se heurte à ce type de questions.
Dans la littérature, cette progression est largement utilisée mais aussi au cinéma.
Je me suis inspirée de nombreux schémas résumant la pensée de Campbell pour produire une sorte de carte de cheminement de l’élève dont celui de Nancy Duarte. (cliquer sur l’image pour zoomer)
Il y a deux principes qui s’opposent dans mon schéma: celui de la réalité avec l’intuition. L’intuition est un mode de connaissance, de pensée ou jugement, perçu comme immédiat (au sens de direct) ; c’est une faculté de l’esprit. La réalité est l’ensemble des phénomènes considérés comme existant effectivement. Ce concept désigne donc ce qui est physique, concret, par opposition à ce qui est imaginé, rêvé ou fictif.
Le cheminement de l’élève part de la réalité pour ensuite déclencher des facultés intuitives qui lui permettront de retourner à cette réalité mais cette fois-ci agrandie par les solutions qu’il aura trouvées.
La part de l’intuition est par exemple importante lorsque l’élève commence à tâtonner pour trouver des solutions aux problèmes posés. La phase de réinvestissement est plus ancrée dans la réalité car l’élève aura vu le champ des possibles et il pourra se les réapproprier.
Il est important de comprendre que dans ce cheminement à la fois ancré dans la réalité et l’intuition, l’appropriation et le changement, l’élève risque d’opposer des résistances. C’est alors que les interactions avec le monde vont l’aider à traverser cette épreuve qui remet en question ses systèmes de représentation.
Ce schéma n’est pas une tentative de ma part de faire entrer toutes les typologies d’élèves dans ce système mais d’en comprendre un cheminement possible.
La critique faite à Campbell est d’avoir voulu universaliser sa conception du mythe du héros à toutes les mythologies. Il ne serait pas souhaitable de plaquer ce schéma sur tous les élèves de la classe.
Ca fait du bien de rêver un peu …
Danièle Pérez
——————————————————
(1) Geneviève Jacquinot, La télévision, terminal cognitif, http://www.persee.fr/doc/reso_0751-7971_1995_num_13_74_2779
(2) Retschitzki Jean, « Chapitre 10. Apprendre par les médias », Apprendre de la vie quotidienne, Paris, Presses Universitaires de France, « Apprendre », 2009, p. 131-142.(2), http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=PUF_BROUG_2009_01_0131
(3) Jean Retschitzki, Apprendre par les médias.
(4) https://edso.revues.org/174
(5)https://edso.revues.org/174
(6) https://edso.revues.org/174
(7) http://www.persee.fr/doc/rfp_0556-7807_1998_num_122_1_1139
(8) (9) https://www.erudit.org/revue/rse/1997/v23/n2/031917ar.pdf
(10) https://www.cairn.info/revue-savoirs-2013-2-page-11.htm