L’espace littéral et l’espace suggéré dans l’art

L’art a cette particularité de nous faire voir l’espace différemment. Selon les époques, les règles pour représenter l’espace ont changé et évolué. Dans cet article nous allons voir comment les artistes ont représenté, modifié l’espace avec des procédés différents ce qui n’a pas été sans conséquences sur les oeuvres d’arts elles-mêmes.

Dans un premier temps nous regarderons l’espace lorsqu’il est suggéré : soit de manière symbolique, narrative ou de manière euclidienne. Nous verrons comment les artistes ont détourné les règles de la représentation figurative dont la perspective.

Dans un second temps nous intéressera l’espace littéral de l’oeuvre entendue comme étant son espace physique propre. Nous verrons comment les artistes, las de répondre à la loi de la figuration, ont mis à mal ces règles pour libérer les oeuvres au profit de leur espace propre: l’espace littéral.

Enfin, nous examinerons les oeuvres déterminées par leur espace propre dans les trois dimensions avec notamment les oeuvres in situ. L’anamorphose nous intéressera car elle laisse pénétrer en son coeur une autre forme d’espace qui peut être suggéré ou non. Les deux se téléscopant.

Pour conclure, nous reviendrons vers des oeuvres contemporaines qui questionnent l’espace suggéré et avec quels moyens. Nous irons également faire un tour du côté de la photographie, à priori indicielle, pour voir comment les artistes jouent avec l’espace qu’ils transforment à leur guise.

1.L’espace suggéré:

L’espace dans l’Egypte ancienne:

Chez les Egyptiens l’espace était représenté selon la logique de l’histoire. La frontalité est de rigueur. L’espace était compartimenté en plusieurs parties en fonction du récit. C’est une sorte de cheminement, d’itinéraire suivant le cours de la narration. L’espace suggère l’histoire.

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L’espace dans l’Antiquité grecque et romaine:

Les Grecs puis les Romains connaissaient la perspective avec Euclide. Dans cette fresque Apollon, Chiron et Hippocrate, Ier siècle, fresque provenant de la maison d’Adonis à Pompéi, exposée maintenant au Museo archeologico nazionale de Naples, on voit bien le dessin des ellipses figurant un espace à trois dimensions. L’espace est au service de la représentation et de l’histoire qu’il suggère, au service de la mythologie.

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L’espace au Moyen-âge:

Au Moyen-âge, les peintres n’adoptent pas la perspective euclidienne pour figurer la profondeur mais choisissent un espace plus plat et plan avec cependant d’autres moyens pour figurer les étendues. Les artistes du Moyen-Age éclipsent totalement l’idée de représentation en perspective. Cette période, essentiellement tournée vers la représentation du politique et du religieux, s’exprime surtout de manière symbolique sans se préoccuper d’une quelconque adéquation avec la réalité : les rois et les saints sont plus grands que nature, les couleurs et l’organisation des plans expriment un espace religieux et symbolique avec une structure extrêmement codifiée. Les motifs blancs parcourant la totalité de l’image ci-dessous affirment la frontalité ainsi que la planéité.

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Dans l’art byzantin, l’espace est symbolique et relié au divin. Il s’exerce dans la frontalité. L’art byzantin est un art du face-à-face avec le religieux d’où toute échappée est impossible à voir dans l’image. L’art à cette époque se tient « debout » invitant le spectateur à partager son contenu religieux. Les fonds d’or aplatissent les images qui ne sont pas creusées par des effets de perspective. Souvent se trouvent les personnages les plus importants dans la partie supérieure. L’espace est encore symbolique au service de l’histoire religieuse. On voit quelques timides perspectives cavalières qui ne creusent pas l’espace mais qui ont la particularité d’affirmer les façades dans la frontalité. Il est intéressant de remarquer que la ligne d’horizon n’apparaît pas et qu’elle est très souvent occultée par des personnages. Cette astuce permet de ne pas creuser la profondeur de l’icône.

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Au XIVème siècle, les peintres tâtonnent en cherchant à donner de la profondeur dans leurs oeuvres. Duccio essaie de mettre le trône de la Vierge en perspective. Là encore, la représentation de l’espace est symbolique et au service de l’histoire religieuse.

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Giotto au XIVème siècle représente un espace perspectif de manière empirique et approximative.

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Dans les Très Riches Heures du Duc de Berry, vers 1410, on voit la nature représentée en plans successifs échelonnés de bas en haut (bas-proche/ haut-lointain) mais avec une perspective timide pour les bâtiments situés presque au faîte de l’image. Il y a une profondeur de l’espace mais au service du récit et de la narration. Les habitudes médiévales coexistent avec la volonté d’autres artistes de s’emparer de la perspective euclidienne.

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L’avènement de la perspective à la Renaissance:

La perspective est un ensemble de règles qui visent à créer l’illusion de la profondeur sur la surface bi-dimensionnelle (plate ) du tableau ou de la feuille, c’est à dire à créer l’impression de voir un espace réel en 3 dimensions.

Il faudra attendre quelques temps pour que la perspective euclidienne soit reprise par les artistes vers le milieu du XIVème. On redécouvre la culture grecque et romaine. Alberti (1435) , Dürer, Vinci et Piero Della Francesca rédigent des traités de géométrie. Alberti écrit dans son Traité « Je trace sur la surface à peindre un quadrilatère qui sera pour moi comme une fenêtre ouverte sur le monde ». La perspective est au service du récit à la fois religieux et contemporain. L’espace est au service de l’homme et de son Histoire.

Dans la Flagellation du Christ, Piero della Francesca construit son espace selon les règles euclidiennes.

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Voici quelques exemples de peintures réalisées en perspective à la Renaissance: (Veronese, Vinci, ecole Piero della Francesca, Piero della Francesca, Ecole d’Athènes, Lippi)

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Comment procède-t-on ?

Les règles de la perspective:

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Pour construire ce pavage, placez la ligne d’horizon avec un point de fuite au centre. Ensuite, selon des intervalles réguliers que vous aurez placés en bas de la feuille, tirez des lignes jusqu’au point de fuite. Placez une première ligne parallèle. Aves les diagonales des carrés en perspective, vous pourrez facilement trouver la juste hauteur des lignes supérieures de votre pavement.

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Ci dessus, placez un point de fuite au centre de la feuille. Les lignes verticales de la table restent verticales tandis que les horizontales fuiront vers ce point.

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Tracez la ligne d’horizon avec deux points de fuite à droite et à gauche placés sur la ligne d’horizon. Les lignes horizontales fuiront vers ces points de fuite.

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Les métamorphoses de l’espace :

Mais très vite après sa réapparition la perspective est détournée par les artistes qui recherchent d’autres systèmes de représentation de l’espace.

Un espace curviligne comme le montre Jean Fouquet au XVème dans son panneau ci-dessous. L’arrière plan au lointain est peint dans des teintes bleutées contrairement au paysage au premier plan. C’est une perspective aérienne et colorée qui traduit la profondeur de l’espace.

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Dans les Ambassadeurs de Hans Holbein, 1533,  une anamorphose engendre un espace nouveau dans la peinture. Un espace dynamique et oblique. La représentation de l’espace est au service de la représentation scientifique qui trouve ici une solution plastique avec l’anamorphose mathématique. En regardant la masse informe aux pieds des Ambassadeurs, on reconnaît une tête de mort.

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Une anamorphose est une déformation réversible d’une image à l’aide d’un système optique – tel un miroir courbe – ou un procédé mathématique.

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Le Parmesan au XVIème réalise son autoportrait dans un miroir bombé sur-dimensionnant sa main au premier plan. Avant lui, Van Eyck avait représenté un miroir bombé mais c’est avec Parmesan que la déformation devient plus flagrante et spectaculaire. La perspective est au service de la représentation sublimée du modèle.

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Le peintre maniériste Veronèse, XVIème, excelle dans l’art du trompe-l’oeil dans la Villa Barbaro. La peinture épouse l’espace architectural avec des personnages feignant de vouloir communiquer avec les visiteurs dans un jeu de cache-cache époustouflant.

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L’art baroque est un art complexe avec une approche de l’espace particulière. Toujours au service de l’Histoire et du religieux, il cherche à coïncider dans toute sa splendeur et son art avec l’espace du spectateur. Les fresques épousent les caractéristiques architecturales avec lesquelles elles forment un tout. L’espace se démultiplie pour offrir aux sens une symphonie de lignes et de couleurs invitant au Paradis. Tout est Ascension vers le divin.

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La période romantique, courant pictural qui s’étend environ de 1770 à 1870, toujours assujettie aux lois de la perspective montre des espaces traversés par des sentiments exaltés. La théorie de l’Einfühlung (empathie) permet de comprendre la considération de la nature à cette époque en Allemagne. Les tableaux ci-dessous de Gaspar Friedrich en sont des exemples.

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L’impressionnisme: Dans la seconde moitié du XIXème, avec l’invention du tube de peinture souple par l’industrie, de jeunes peintres parisiens sortent des ateliers pour peindre en plein air et pour saisir l’instant, la lumière. Monet représente la Cathédrale de Rouen avec des éclairages différents. L’espace pictural est au service de la sensation optique et lumineuse. Les tableaux sont lisibles à une certaine distance, en effet, vus de trop près, les touches de peintures perturbent l’espace représenté.

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Paul Gauguin, représente l’espace en marquant les différents plans. On voit bien le premier plan se détacher de la peinture.

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Matisse, quant à lui, va comme annuler l’effet de profondeur dans La desserte rouge.

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Escher, début XXème, représente des espaces impossibles et irréels en se jouant de la perspective. L’espace est au service de la raison qui elle-seule démontre que cet espace est impossible dans la réalité concrète.

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Le cubisme: S’affranchissant de la relation au modèle extérieur, la représentation picturale de l’espace est bouleversée par l’expérience cubiste. Mouvement artistique qui, entre les années 1910 et 1930, se proposait de représenter les objets décomposés en éléments géométriques simples

Le Cubisme analytique :

De 1908 à 1912, ce fut la période la plus marquante du cubisme. Cette phase est intitulée cubisme analytique car l’artiste analyse les formes du sujet pour le reproduire simplement avec des formes géométriques. Au lieu de mettre l’accent sur la couleur, le cubisme analytique se porte sur des formes géométriques comme le cylindre, la sphère et le cône afin de représenter le monde naturel. Au cours de ce mouvement, les oeuvres produites par Pablo Picasso et Georges Braque partagent des similitudes stylistiques.

Le Cubisme synthétique :

La deuxième phase du cubisme fut, entre 1912 et 1919, Le cubisme synthétique. C’est alors que le grand peintre Juan Gris se joignit au mouvement. Le collage fut introduit dans cette période du cubisme. L’espace littéral en quelques sortes commence à faire irruption dans l’espace de représentation.

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Picasso et Braque ont été inspirés par Paul Cézanne qui a dit d’observer et d’apprendre à voir et à traiter la nature comme si elle était composée de formes de base comme des cubes, des sphères, des cylindres et des cônes.

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2.L’espace littéral:

L’art abstrait: 

Les peintres vont abandonner l’art figuratif en ne représentant ni objet, ni personnage, seulement leur vision intérieure: c’est le début de l’art abstrait. Jean-Philippe Breuille écrit : « On peut situer son origine aux environs de 1910 lorsqueVassily Kandinsky peint une aquarelle, conservée au MNAM (Paris) où toute référence au monde extérieur est délibérément supprimée. »

Le suprématisme: 

Pour les suprématistes, l’espace dépasse la représentation en trois dimensions et s’inspire des théories géométriques de la quatrième dimension.

« Il serait erroné de penser que le suprématisme peint l’espace. On peut dire plutôt que l’espace, en tout que « Rien libéré » se peint lui-même sur la surface plane suprématiste. Le suprématisme libère l’espace-Rien du poids figuratif. De la même façon, on peut dire que le tableau suprématiste est égal à l’Univers, qu’il est la nature; l’excitation cosmique passe à travers lui, flamme cosmique qui est agitée dans l’intérieur de l’homme, sans but, sans sens, sans logique. » Malevitch. Ce mouvement a pour effet de montrer l’espace littéral de la peinture: l’espace physique du support.

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Dans ses écrits, Wassily Kandinsky annonce clairement avoir abandonné les apparences extérieures dans l’espoir de pouvoir communiquer plus directement les sentiments au spectateur. Kandinsky considérait que les couleurs et les formes pouvaient énoncer des vérités spirituelles, cachées derrière les apparences quotidiennes difficilement descriptibles par les mots. Dans cette peinture, Composition X, Kandinsky représente à priori un espace cosmique parsemé de constellations. Mais à regarder de près, l’espace se réduit finalement à une scène de restaurant. La masse marron est une sorte de plat avec des oignons découpés en lamelles. Juste au dessous, deux mains rouge et jaune tiennent des baguettes. La masse transparente verte est une sucrière avec à sa gauche le menu de la carte du restaurant. Chez Kandinsky, l’espace est relatif à la fois immense et plus réduit. Il y a coïncidence de l’espace littéral et suggéré mais sans suggestion d’une troisième dimension. Tout est ramené au plan?

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Piet Mondrian est, avec les Russes Vassily Kandinsky et Kasimir Malevitch, parmi les premiers peintres à s’être exprimés en utilisant un langage abstrait. Toute trace de référence au naturel visible est progressivement évacuée au profit d’une vision de l’Universel.

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On voit bien avec ces exemples que la peinture s’est affranchie de toute volonté de figuration offrant au regard du spectateur la littéralité de l’espace pictural.

Au paroxysme de cette tendance à l’abstraction, se trouvent de nombreuses oeuvres comme les monochromes de Klein où il n’y a même plus de motifs géométriques pour distraire le regard. Celui-ci est amené à se perdre dans l’espace pur de la couleur.

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3. L’espace physique de l’oeuvre:

L’oeuvre in situ: 

Expression latine qui indique qu’une oeuvre est réalisée uniquement pour le lieu qu’elle occupe. Actuellement, les oeuvres contemporaines in situ sont essentiellement des installations. Beaucoup d’oeuvres d’art plus anciennes ont été déplacées pour être exposées dans les musées. Cela peut en modifier la signification si à l’origine elles étaient conçues pour un lieu précis. L’espace de l’oeuvre est au service du spectateur qui peut faire des relations entre l’espace investi et l’oeuvre d’art elle-même. Par exemple, les expositions au Château de Versailles sont réalisées in situ. (Jeff Koons, Vasconcelos, Murakami)

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Nous reprendrons dans cette partie le cas de l’anamorphose puisque nous l’avons évoquée plus haut. Celle-ci connaît un renouveau. Elle se matérialise dans les trois dimensions de l’espace physique. Georges Rousse en crée de réelles en trois dimensions. Par l’anamorphose, l’artiste greffe un élément qui n’existe que par rapport à un point déterminé (ici un carré rouge, un cercle noir ou multicolore, etc) dans un espace physique par des moyens géométriques et picturaux. C’est une installation in situ: conçue pour un espace précis. Georges Rousse trouble notre vision de l’espace. A l’exact inverse de l’espace suggéré de la Renaissance, l’artiste ne crée pas une illusion de la profondeur sur un espace bidimensionnel mais crée l’impression d’une planéité (bi dimensions) dans notre espace réel, tridimensionnel.

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Comment fait-on ?

Voici deux clips vidéo du groupe OKGO qui relatent les procédés de création du clip traversé par de nombreuses anamorphoses.

Bernard Pras montre dans cette vidéo comment il réalise une anamorphose.


Dans ce film, Felice Varini explique sa technique de l’anamorphose:

Pour finir ce chapitre sur l’anamorphose, comme il se doit, voici des anamorphoses poétiques d’ Ella & Pitr qui ont investi des lieux laissés à l’abandon pour les faire revivre avec des anamorphoses poétiques et originales. Il y a deux types d’espaces dans ces oeuvres: l’espace physique de l’oeuvre dans ses trois dimensions dans lesquelles vient se greffer un cadre délimitant un espace suggéré. Les personnages pris en photo devant ces cadres font partie des deux: ces oeuvres constituent une belle réflexion plastique sur les vertus spatiales.

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Le Land Art:  L’environnement devient une composante à part entière de l’œuvre, conçue en fonction d’un lieu particulier avec lequel elle entre en relation.

Robert Smithson’s « Spiral Jetty » et d’autres exemples. Il est intéressant de remarquer les changements de perception de l’espace avec les oeuvres du land art.

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D’autres exemples de manipulation de l’espace:

Robert Therrien, quant à lui, change l’échelle des objets pour nous faire voir l’espace différemment, comme si nous étions des lilliputiens. L’expérience sensible et physique du spectateur est à l’oeuvre dans ces installations. L’artiste perturbe nos sens -toucher et vue- dans ces oeuvres.

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4. Les métamorphoses contemporaines de l’espace suggéré :

Erro dans sa peinture trace des lignes non pas rectilignes mais qui ondulent. Elles forment comme une toile spatiale renforcée par le jeu des couleurs plus vives au premier plan.

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Sepand Damesh, jeune peintre d’origine iranienne vivant  en France, fait penser à un Matisse qui aurait découvert les nouvelles technologies en particulier les logiciels de modélisation et rendu 3D.En effet, on retrouve dans cette œuvre le renversement de perspective et l’absence de modelé, typique d’un Matisse qui privilégia la forme par la couleur. On peut voir comme un « aplatissement de l’espace 3D en 2D ».

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Montier utilise les codes de la perspective euclidienne pour la métamorphoser en espaces urbains déjantés.

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Yosuke Goda , artiste japonaise, réalise un dessin dans les trois dimensions avec des formes qui ondulent et qui envahissent l’espace.

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L’espace indiciel de la photographie :

La photographie entretient avec la réalité concrète une dimension indicielle. Les théories de la perspective n’ont pas été infirmées par la photographie. Il est intéressant de remarquer que la toute première photographie par Nicéphore Niepce est une photographie d’un bâtiment. En effet, le sujet représenté devait être statique pour pouvoir être pris.

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Mais nous savons bien que ce rapport de contact est lui aussi transfiguré par l’art des photographes. La réalité est, en fait, interprétée par l’artiste qui montre son regard sur l’espace qui l’entoure. Il serait faux de croire que la photographie est une empreinte tenue pour vraie de la réalité.

Avec la photographie, de nouvelles perceptions de l’espace voient le jour.

Hiroshi Sugimoto a eu l’idée d’un concept particulier. Il a photographié sur une même photo un film en entier en ajustant le temps de pause de la photographie avec celle du film. Il s’en suit qu’un rectangle blanc est apparu sur toute la surface de l’écran de projection. N’est-ce pas l’espace littéral de la photographie (écriture de lumière) qui est apparu au centre de l’image ?

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Philippe Ramette joue avec la gravité, la défiant dans ses clichés. Il suggère un autre espace renversé.

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Un autre artiste, Xavier Escalère montre de manière originale l’espace qu’il bouscule, qu’il dérange, qu’il déséquilibre dans ses clichés.

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François Sola réalise des gifs animés dans le métro de Lyon. L’espace est étrange et comme arrêté dans un temps suspendu.

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Un détour par l’art numérique que nous développerons dans un article ultérieur, pour donner un aperçu:

Shan-Shui-industrial-pollution , cette image change de sens si on l’agrandit avec la loupe. Ce que nous prenons pour être des montagnes est en fait … à vous de voir ! Belle réflexion sur la pollution spatiale. 

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Postlude sur une improvisation de l’espace:

Il était une fois une règle, une équerre, un compas, un tube de peinture et un photon prisonniers d’une trousse achrome. Le tube de couleur, attaché à son statut, éjecta de celle-ci la règle, l’équerre et le compas. Il n’avait pas vu l’infime particule. Le photon, puissant quand il se fâche, fort énervé par ces expulsions arbitraires, éjecta à la vitesse de la lumière, le tube de peinture hors de la trousse.

Aspirant à davantage de liberté, s’agitant dans la trousse, le photon pointa son nez dehors tel un oiseau migrateur.  Il se décida à rejoindre le tube de peinture, la règle, l’équerre et le compas.

Et tous ensemble dansèrent sur l’immense territoire immaculé, vierge de leur page blanche.

L’histoire de l’art est l’histoire d’une migration.

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