L’importance du numérique dans le cours d’arts plastiques

L’importance du numérique dans le cours d’arts plastiques.

Nous vivons dans un monde en pleine mutation où le numérique prend une place de plus en plus importante chez les élèves. Nombreux sont ceux qui ont un portable, un ordinateur, une tablette avec la possibilité d’accéder à internet et de créer des images avec leur appareil. Nombreux sont ceux qui n’en ont pas et l’école républicaine doit être un lieu pour eux de découvertes de ces pratiques.

A l’heure actuelle où les évènements de Charlie Hebdo nous choquent tous, on peut se demander si la diffusion des données brutes sur internet n’est pas un danger pour nos élèves qui ne sont pas prêts à être responsables sur la toile.

Mais ce qui est le plus important dans cet article et que je vais traiter : c’est la question suivante:

Comment enseigner une pratique numérique qui soit d’ordre plastique et pas seulement une simple manipulation technique ?

1. Les différences avec les pratiques dites conventionnelles:

Avec l’outil numérique, il est possible d’enseigner les mêmes notions que celles que nous abordons dans les pratiques traditionnelles: forme, couleur, contraste, texture, lumière, couleur. Mais avec le numérique, d’autres notions peuvent être ajoutées comme la temporalité d’une image, la durée, la diffusion, l’immatérialité de l’image, la notion d’original, le détournement. L’élève peut aussi également éprouver des pratiques impossibles à réaliser selon des procédés matériels. Ma séquence sur les smartphones en est un exemple.

2. Une pratique qui accélère les apprentissages:

En effet, les apprentissages gagnent en efficacité avec des supports numériques. Les élèves sont plus attentifs au médium et fixent davantage ce qui est enseigné. Ce qui nous prenait plusieurs séances en cours traditionnel peut être abordé en une séance: par exemple le rôle de la couleur, de la lumière qui changent la perception de l’image quand elles varient. Toujours au sujet de ma séquence sur les smartphones, les élèves ont même détourné leur appareil à des fins de création.

3. Un outil numérique qui libère la parole:

Il m’arrive fréquemment de filmer les élèves pendant les mises en commun. Je ne filme que leurs travaux. Les élèves parfois timides, lorsque filmés et enregistrés loin de leurs camarades, libèrent leur parole. Ils se livrent, se confient, délivrent leur message en toute confiance. Je pense à Candice, élève quasiment muette qui, face à une exposition avec Migline Paroumanou Pavan a accepté enfin de parler face au micro. Et elle en avait des choses à dire ! Lors des mises en commun avec la classe entière, les élèves s’écoutent davantage, apprenant ainsi à laisser s’exprimer les autres. J’ai remarqué également un effort au niveau du langage: l’élève veut s’exprimer clairement quand il est filmé. Ma séquence sur la lumière en montre des exemples.

4. Qu’apporte le numérique dans la gestion d’un cours ?

– La diffusion des oeuvres d’arts via le vidéo-projecteur

-Une pratique contemporaine qui ne se limite pas à des manipulations techniques

-Une réflexion sur les arts actuels

-Une diffusion des cours d’arts plastiques sur les blogs

-Possibilité d’avoir un tableau numérique via des applications comme linoit

-La sérendipité en cours: cet art de trouver ce qu’on ne cherchait pas au départ. Voir ici

-Retrouver des traces du cours via l’Environnement Numérique de Travail

-Faire des recherches sur internet

-garder une trace des productions des élèves.

5. Comment avoir une approche plastique avec les techniques du numérique ?

Demander aux élèves de faire tous la même production avec leurs tablettes ou leurs portables a un intérêt mineur. Ce qui est intéressant, avec le numérique, c’est quand des solutions diverses et variées sont trouvées par les élèves à un problème posé. Prenons l’exemple du mouvement: il est vraiment intéressant de confronter les différentes techniques pour aborder ce thème. Comment se déroule le temps dans un stopmotion, quelle est sa temporalité (celle de l’effectuation, longue et fastidieuse et celle de sa diffusion rapide et en mouvement). Demander aux élèves de photographier ou de filmer leurs productions en accentuant l’effet peut être aussi une piste. Le numérique est aussi une trace que l’on peut garder lors de travaux éphémères. Je pense à ma séquence « Diantre, je suis cerné ».

6. Un enseignement en pleine mutation

En effet, nous nous heurtons à des problèmes importants qui sont ceux de la pérennité de nos installations, de notre matériel, des applications souvent payantes pour être efficaces. Nous devons nous plier à ces constantes mutations. Mais une photographie ou un film numérique restent toujours les mêmes. Nous devons adapter nos méthodes d’enseignement car le cours d’arts plastiques n’aura bientôt plus de sens pour les élèves s’ils ne font que de la peinture ou du volume. Nous devons nous accrocher à leur temps, à leur environnement pour les rendre davantage responsables et d’une certaine manière citoyens. Il est nécessaire que nos séquences leur parlent et les touchent. Chaque fois que j’ai placé le numérique au centre de mes dispositifs, comme ceux cités plus haut, les élèves étaient tous en effervescence. J’aurais très bien pu quitter la salle de classe et les laisser faire.

7. Un équipement long à mettre en place dans les collèges:

Je vous renvoie à mon article « comment équiper sa salle en numérique ».

8. Un enseignement qui apprend la citoyenneté:

Les élèves sont face à une proposition donnée. Il est remarquable de constater combien ils s’entraident lors d’expérimentations liées au numérique. Ils montrent à leur camarade comment fonctionne une application par exemple. Le travail en classe est facilité par cette entre-aide collective qui profite aux plus démunis. Les élèves prennent la place du professeur et je sais combien ils sont fiers de me montrer une trouvaille ou alors de m’apprendre quelque chose ou de me dépanner. Oui, cet outil favorise le travail en équipe et le respect de l’autre.

 

 

Interlocutrice pour le numérique à la Réunion, il m’a fallu du temps pour intégrer le numérique dans mes pratiques pédagogiques. Mais aujourd’hui je ne saurais pas comment m’en passer.

Danièle Pérez

 

 

 

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