L’arbre dans l’art

L’arbre est un sujet important dans l’art : il apparaît dans l’art Egyptien de manière stylisée mais aux essences bien identifiables. Dans l’oeuvre ci-dessous, l’arbre n’est pas représenté dans le même plan que le bassin. En effet, le bassin est vu d’en haut et les arbres de face.

Fragment de paroi peinte de la tombe de Nebamon, régisseur de l’épouse de Thoutmôsis IV.

Peint vers 1300 avant J.C., 64cm x 73cm, peinture sur stuc, pigments naturels, British Museum,Londres.

Les romains et les grecs vouaient un culte à certains arbres en leur attribuant une incarnation divine. Ainsi, le chêne était dédié à Zeus, l’olivier à Athéna, le laurier à Apollon et le pin à Poséidon.

L’image de l’arbre accompagne tous les grands moments du récit biblique :

« En plaçant l’homme et la femme dans le jardin d’Éden, au milieu duquel était planté l’arbre de vie, l’éternel Dieu lui permit de manger librement de tout arbre du jardin, à l’exception d’un certain arbre, qu’il nomma l’arbre de la science du bien et du mal : Le jour où tu en mangeras, dit-il, tu mourras de mort. Or, le serpent, qui était le plus fin de tous les animaux des champs, dit à la femme : Vous ne mourrez nullement; mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux seront ouverts et vous serez comme des dieux »

Le Livre de la Genèse, xxx

On trouve de multiples représentations d’Adam et d’Eve au pied de l’arbre de la connaissance.

Lucas Cranach l’Ancien, 1526, Adam et Eve, huile sur érable.

L’arbre est ici idéalisé et la conformité avec la nature n’est pas le souci du peintre. Il s’agit de montrer un arbre magnifique aux fruits appétissants pour exprimer la tentation d’Adam et d’Eve.

L’arbre est donc à la fois un sujet de la nature et un objet symbolique. Nous allons l’étudier à travers quelques notions d’arts plastiques.

L’arbre et la forme :

Le dessin de l’arbre est un exercice complexe car on peut se perdre entre la forme d’ensemble et la quantité de détails.

Les artistes chinois excellent dans le rendu des arbres avec leur minutie et leur capacité à rendre l’ensemble de celui-ci.

Sans attendre le XXI° siècle, la minutie était déjà le parti du chinois Li Cheng (919-967), peintre du Shandong. (Musée national, Taipei.)

Patrick Van Caeckenbergh « Drawings of Old Trees » (2014) est encore plus précis sans oublier la composition d’ensemble de l’arbre. L’artiste a entrepris en 2010 une série de dessins réalisés à partir de photos de vieux arbres en choisissant un réalisme… photographique.

Mondrian quant à lui recherche la représentation de la quintessence de l’arbre comme s’il tentait de le rendre aussi abstrait qu’un concept.

« Arbre rouge » (1910, Dallas, Museum of Art).

« Arbre bleu » (1909, La Haye, Gemeentlemuseum).

Composition en bleu, gris et rose, 1913

 

« La métamorphose de l’arbre se poursuit conjointement avec celle des façades d’immeubles, autre source d’inspiration pendant la période parisienne. Les courbes disparaissent au profit de traits horizontaux et verticaux, souvent interrompus par des obliques, que Mondrian ne condamnera qu’en 1914. »(1)

La forme de l’arbre est interprétée par Mondrian pour devenir une peinture abstraite.

« L’Arbre de Vie » de Gustav Klimt est le détail central d’une esquisse pour la fresque du palais Stoclet (musée des Arts appliqués de Vienne, 1905-09). La spirale est le motif qui se répète dans le tableau.

L’arbre et la couleur :

Paul Signac propose une version colorée de l’arbre ou les sensations lumineuses le font vibrer.

L’ombre est peinte en bleu qui fait ressortir le jaune flamboyant.

« Les Oliviers » de Vincent Van Gogh (MOMA, New York, 1889) sont d’un vert étonnant. Il y a des reflets argentés typiques de l’olivier.

Séraphine Louis en fait un propos coloré dans sa peinture.

« L’Arbre rouge » de Séraphine Louis ? (1928-30, Centre Pompidou de Metz).

L’arbre et la lumière :

Claude Monet : Trois arbres, été. (1881. National Museum of Western Art, Tokyo).

« Sycomore in Autumn, Orange County park ». Tableau d’Edgar Payne (1882-1947) réalisé vers 1917. Collection privée.

« Clairière » du nabi Paul Ranson (1895, collection privée). La lumière permet de distinguer les différents plans: pénombre au premier plan, lumière à l’arrière-plan.

L’arbre et l’espace :

L’arbre permet de représenter la profondeur de l’espace. Dans cette peinture de Nicolas Poussin, l’arbre est idéalisé et ponctue les plans de l’espace profond.

Nicolas Poussin (Paysage idéal, Madrid, Musée du Prado, vers 1650)

La peinture de Munch avec le tronc se sert de l’arbre pour « creuser » le tableau.

Edvard Munch (1863-1944). « Le tronc jaune », 1912. Musée Munch, Oslo.

Ferdinand Hodler (« Soir d’automne », 1892, Musée de Neufchâtel) les arbres défilent sur les bas-côtés ; cela donne sa profondeur au tableau tout en surlignant le point de fuite.

Henrique Oliveira art for PALAISE DE TOKYO : l’arbre envahit l’espace réel et concret du lieu d’exposition. L’arbre est présenté de manière réelle.

L’arbre et la matière :

Les bois sont dénudés, ainsi ce « Sycomore » de l’américain Andrew Wyeth (1917-2009). Il ne s’agit pas d’une photographie mais d’une tempera de 1982. La matière du tronc est le sujet du tableau.

Marion Moulin représente de l’écorce d’un arbre.

« La série WoodCut de l’artiste Bryan Nash Gill a été réalisée à partir de l’empreinte encrée de troncs d’arbres découpés. Ces impressions mettent en exergue la complexité des formes, presque mathématiques, la finesse des lignes et la texture du bois qui devient purement graphique. À la manière d’une empreinte digitale, chaque impression devient individuelle, faisant apparaître une personnalité, une sensibilité à fleur de peau. »(2)

L’arbre et le geste :

Le « Grand chêne » du danois Lorenz Frølich (Metropolitan Museum, New York,1837). Le peintre réalise des gestes précis et fins pour représenter l’arbre. La touche est méticuleuse.

Edouard Pignon peint de manière beaucoup plus vive et déterminée. La touche est ample et semble mettre en scène la puissance de l’arbre.

Etude d’arbre, Edouard Pignon, XXème

Anselm Kieffer peint « Varus » (1976. Abbemuseum, Eindhoven), évocation de carnages successifs au cœur de son pays. La touche est encore différente, elle vive et douce, appuyée ou tremblante, le geste conditionne la représentation pour rendre la « matière » de l’arbre.

Voici une idée de séquence portant sur le thème de l’arbre :

https://atomic-temporary-26416781.wpcomstaging.com/2018/10/14/larbre-du-futur-td-m1/

Autres thématiques ici :

https://atomic-temporary-26416781.wpcomstaging.com/les-notions-dans-les-arts-plastiques/

(1) http://www.les-lettres-francaises.fr/2017/09/le-monde-pur-de-piet-mondrian/

(2) https://www.cerclemagazine.com/magazine/articles-magazine/les-empreintes-de-bryan-nash-gill/

5 commentaires

  1. ANNE CONTART

    Bonjour,
    -Le chêne de Flagey de Gustave Courbet.
    -Marcel Duchamp voyait dans les élégants mobiles d’Alexander Calder
     » la sublimation d’un arbre dans le vent « .
    Cordialement / Anne🎨

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