De tous temps, l’animal a été représenté puis utilisé dans le domaine artistique. Aujourd’hui, des oeuvres constituées d’animaux morts ou tués au nom de l’art posent la question de l’éthique animale. Jusqu’où pouvons-nous aller ?
Les animaux dans la préhistoire:
La représentation des animaux dans la peinture est particulièrement ancienne puisqu’on la retrouve dans les premières peintures de la Préhistoire (art rupestre et art pariétal) comme les grandes fresques murales de la grotte Chauvet. On remarque de nombreuses représentations d’animaux dans l’art préhistorique où les hommes dessinaient les moindres détails.
Les animaux dans l’Antiquité
Durant l’Antiquité, dans l’Égypte antique on trouve de nombreuses représentation de figures d’animaux dont beaucoup avaient une signification religieuse. De nombreux animaux sont représentés dans l’Antiquité égyptienne. La plupart des animaux vivant dans l’Égypte antique furent sacralisés et idolâtrés. Ils étaient considérés comme des incarnations vivantes de principes divins et furent associées à des divinités. Les temples élevaient dans des enclos sacrés des animaux en rapport avec les dieux qui y étaient vénérés. Les animaux morts (du moins, les plus importants) avaient droit à une momification et à un enterrement cérémonial.
Sur cette fresque murale dans une tombe égyptienne du XIVe siècle avant J.-C., on remarque la présence d’une girafe. On pouvait encore en trouver dans la vallée du Nil à cette époque. Bien qu’il faille interpréter avec précaution les images d’animaux dans l’ancienne Égypte, par exemple en les recoupant avec des données paléontologiques, elles constituent une riche source d’informations sur l’écosystème de la vallée du Nil au cours des millénaires.
Les animaux pendant le Moyen-âge
L’art du Moyen Âge est principalement un art sacré qui reflète la relation privilégiée entre Dieu et l’homme, créé à son image. L’animal soumis et imparfait apparaît souvent confronté ou dominé par l’homme. La représentation animale dans l’art médiéval est riche à la fois par la diversité des formes artistiques et la diversité des animaux représentés, qu’ils soient réels ou imaginaires. C’est l’époque des Bestiaires. Au cours du Moyen Âge, la représentation animale va évoluer passant d’une imagerie codifiée issue de multiples influences à une représentation naturaliste dont témoignent par exemple les croquis d’après nature faits dans la ménagerie des Visconti ou de Frédéric II, comme le lion de Villard de Honnecourt.
La Dame à la Licorne montre des animaux fantastiques . La Dame à la licorne est une tenture composée de six tapisseries datant de la fin du xve siècle, exposée au musée national du Moyen Âge (Thermes et hôtel de Cluny, à Paris). Consacrées aux sens, la tapisserie ci dessous représente la vue.
De l’animal dépendent l’alimentation, le labour, l’amendement des sols, le vêtement, l’éclairage, le transport.L’animal est aussi le prédateur, l’ennemi, le parasite, le vecteur de maladies, le dévastateur de récoltes.
C’est un référent symbolique majeur de la pensée chrétienne et de la vie sociale, on le trouve dans les bestiaires moraux, les blasons et arts religieux et profanes.
Les animaux pendant la Renaissance:
La peinture de la Renaissance marque un renouveau du style avec une volonté d’imiter la nature. La représentation du cheval est importante à travers des combats mais aussi pour la complexité de sa représentation.
Guido Riccio da Fogliano
Les batailles de Paolo Uccello
Dürer et son célèbre Rhinocéros
Le Rhinocéros de Dürer est le nom généralement donné à une gravure sur bois d’Albrecht Dürer datée de 1515. L’image est fondée sur une description écrite et un bref croquis par un artiste inconnu d’un Rhinocéros indien (Rhinoceros unicornis) débarqué à Lisbonne plus tôt dans l’année. Dürer n’a jamais observé ce rhinocéros qui était le premier individu vivant vu en Europe depuis l’époque romaine. En dépit de ses inexactitudes anatomiques, la gravure de Dürer devint très populaire en Europe et fut copiée à maintes reprises durant les trois siècles suivants. Jusqu’au XVIIIème siècle, cette gravure fût considérée comme la plus réaliste.
Les animaux au XVIème siècle:
Giuseppe Arcimboldo 1528-1593 Portrait aux poissons et aux coquillages
Peter Brueghel l’Ancien, La chute des anges rebelles, les animaux sont fantastiques mais reprenant des éléments ou parties d’animaux connus.
La représentation des animaux au XVIIème siècle:
Rodolphe II est un prince de la maison de Habsbourg né le 18 juillet 1552 à Vienne et mort le 20 janvier 1612 à Prague. Il s’intéresse aux animaux et on lui doit de nombreuses représentations d’ici et d’ailleurs d’animaux familiers et exotiques.
« La chasse au tigre » de Rubens -1616, les animaux font une entrée spectaculaire dans les peintures d’histoire et religieuses. Excités par les récits des grands voyageurs,ils révèrent de chasse exotiques. Rubens,nommé peintre officiel de la cour des Pays-Bas espagnols, se vit commander 4 tableaux représentants la chasse :
_ la chasse au tigre
– la chasse au sanglier
– la chasse à l’hippopotame et au crocodile
– la chasse au lion.
La représentation des animaux au XVIIIème siècle:
La nature morte est un genre à présent codifié où la représentation des animaux morts vient à la mode.
Nature morte Lièvre, Canard, Bouteilles, Pain et Fromages de Jean-Baptiste Oudry (1742).
Au 18 ème sont représentés dans les tableaux que quelques animaux de compagnie ( des chats, des chiens…) et des animaux morts, dans les natures mortes comme dans celles de Chardin.
Les animaux dans le XIXème siècle:
Au 19ème d’autres artistes s’inspireront du travail de Rubens pour honorer leur propre commandes de chasses exotiques qui seront remis à la mode par l’orientalisme du 19ème.
Delacroix passera maître dans cet art.
Son contemporain et néoclassique confrère, David, sera amené à peindre des chevaux en qualité de »premier peintre » de Bonaparte. Tout est calculé par l’artiste, la pose en ruade du cheval, la prestance de Bonaparte le maîtrisant.
« Vert, ça n’existe pas.
– si, avec le reflet de l’herbe du pré sur sa robe blanche. »
C’est le synthétique Gauguin qui peint en 1898 ce qu’il croit voir et non la réalité.Il y a la photographie pour ça.
L’animal au XXème et XXIème siècle:
Pour réaliser les animaux, Henri Rousseau utilisait un album de « Bêtes Sauvages » des Galeries Lafayette. Jaguars, panthères, flamants ont donc été copiés, voire reproduits à l’aide d’un pantographe.
Il camoufle dans ses peintures des quantités d’animaux. Le rêve
Magritte peint des animaux surréalistes:
1936, avec Meret Oppenheim, la fourrure d’un animal recouvre des objets pour en changer l’aspect.
PICASSO Pablo (1881-1973), Tête de taureau, 1942, cuir et métal, 33,5×43,5×19 cm, avec une selle de vélo et un guidon, il évoquera la tête d’un taureau.
I like America and America likes Me, Beuys
« Joseph Beuys débute cette action alors qu’une exposition est annoncée à New York, en mai 1974, dans la galerie René Block. Une ambulance se présente au domicile de l’artiste à Düsseldorf, en Allemagne. Il est alors pris en charge sur une civière, emmitouflé dans une couverture de feutre. Il va alors accomplir un voyage en avion à destination des États-Unis, toujours isolé dans son étoffe. À son arrivée à l’aéroport Kennedy de New York, une autre ambulance l’attend. Surmontée d’un gyrophare et escortée par les autorités américaines, elle le transporte jusqu’au lieu d’exposition. De cette façon, Beuys ne foulera jamais le sol américain à part celui de la galerie : il avait en effet refusé de poser le pied aux États-Unis tant que durerait la guerre du Viêt Nam. Il coexiste ensuite pendant trois jours avec un coyote sauvage, récemment capturé dans le désert du Texas, qui attend derrière un grillage. Avec lui, Beuys joue de sa canne, de son triangle et de sa lampe torche. Il porte son habituel chapeau de feutre et se recouvre d’étoffes, elles aussi en feutre, que le coyote s’amuse à déchirer. »wikipédia
Damian Hirst aujourd’hui noie des animaux dans du formol avec une teinte bleutée: l’animal semble être en apesanteur et éternel malgré le combat qu’il a perdu. Pour « que l’art soit plus réel que ne l’est une peinture »
Vim Delvoye tatoue des cochons, ces deux artistes Hirst et Delvoye posent des questions au sujet du statut de l’animal dans les oeuvres d’art. L’éthique et l’esthétique sont au coeur de ces oeuvres. « Les peaux de porcs tatoués de Wim Delvoye « consomment » des animaux comme le font la recherche scientifique ou l’élevage. Tuer pour fournir les galeries est-il pire que tuer pour garnir nos assiettes, et pourquoi ? » N’y a t-til pas des limites à respecter ?
Jeff Koons représente un petit chien « Puppies » en s’inspirant des sculptures qu’on peut faire avec des ballons. Il associe une activité qui plaît à la masse avec l’image d’un petit chien de compagnie.
L’éthique animale est l’étude du statut moral des animaux, c’est-à-dire de la responsabilité des hommes à leur égard . Cette question millénaire, constituée en discipline universitaire depuis une trentaine d’années seulement, couvre la totalité de nos rapports avec les animaux : ceux que l’on mange, ceux que l’on utilise pour faire de la recherche scientifique, ceux qui nous tiennent compagnie, ceux que l’on chasse, pêche ou élève pour leur fourrure, ceux que l’on utilise pour accomplir certaines tâches, civiles ou militaires et, enfin, ceux que l’on utilise pour se divertir.
La catégorie des animaux de divertissement, ou qui sont liés à des activités sportives, culturelles ou artistiques, est large et concerne des situations diverses, dont les plus fameuses et les plus problématiques sont les zoos et les cirques, la corrida, les courses, le rodéo et les combats d’animaux.
L’art contemporain utilise depuis plusieurs siècles des animaux morts. Il faut distinguer trois cas de figure. Premièrement, le cas des animaux déjà morts. Pour réaliser ses sculptures taxidermiques dans les années 90, Jordan Baseman n’a utilisé que des animaux dont la mort est préalable et indépendante de l’expérience artistique. Nombre d’entre eux ont été trouvés au bord de la route. Ce genre de « recyclage » ne semble pas moralement problématique et peut même servir à défendre certaines positions éthiques sur la condition animale.
Dans ces oeuvres ci-dessus, la question morale est au coeur de celles-ci. A-t-on le droit pour des raisons artistiques de disposer des animaux comme bon nous semble ?
L’animal dans l’art numérique:
Animal Farm, de l’artiste Chang Lei, artiste chinoise
détail:
Jeu:
Avec ce site, crée tes chimères fantastiques:
http://expositions.bnf.fr/bestiaire/pedago/monstres/bestiaire.htm
Autres thématiques dans le site:
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sources: http://www.jbjv.com/Animaux-dans-l-art-contemporain-la.html
La cause animale me tient à coeur, merci pour cet article. C’est un sujet philosophique riche et complexe. Engager ce dialogue ne peut être que bénéfique avec les élèves.