la chaussure dans l’art

Les chaussures, comme les vêtements renseignent beaucoup sur la vie des gens qui les portent. Elles expliquent la culture, les mentalités, l’histoire d’une société et reflètent le prestige de ceux qui les portent ou l’inverse la misère, la pauvreté.

Le terme chaussure dérive du verbe chausser, issu du latin calceare « mettre des souliers ». La forme des chaussures peut varier à l’infini, notamment en fonction de la mode et du statut social. Très tôt, elles ont joué un rôle important et signifiant dans l’art.

Une chaussure se compose principalement du semellage, partie inférieure qui protège la plante des pieds, plus ou moins relevée à l’arrière par le talon et de la tige, partie supérieure qui enveloppe le pied et qui comprend essentiellement l’empeigne (partie avant de la tige d’une chaussure, du cou-de-pied à la pointe, appelée aussi claque), les quartiers (deux pièces formant l’arrière de la tige) et la languette. Lorsque la tige recouvre la jambe (et maintient la cheville), on parle de bottes. Dans le cas contraire, on parle de soulier.

Elles font partie de l’imaginaire des contes de fées avec les bottes de sept lieues et les chaussures de vair de Cendrillon.

Synonymes: 

  • babouche ballerine bas basket bateau boots botte bottillon brodequin caoutchouc  charentaise chaussette chausson cothurne croquenot escarpin espadrille galoche godasse godillot grolle mocassin mule péniche pantoufle pataugas patin pompe ribouis sabot sandale savate snow-boot socque sorlot soulier spartiate tatane

 

Une histoire de l’art à travers les chaussures:

La « première » chaussure date du quatrième millénaire avant Jésus-Christ et a été découverte en Arménie. Il s’agit d’une pièce de cuir cousue pour recouvrir un avant pied comme un mocassin.

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La plus vieille chaussure.

Les chaussures ont évolué tout au long de l’histoire du costume. Au cours de l’histoire, la chaussure est aussi un signe permettant de refléter le statut social . Les chaussures sont des accessoires d’apparat dans les cours royales, Marie-Antoinette possédait jusqu’à 500 paires.

Les chaussures dans l’égypte ancienne:

Dans l’Egypte ancienne, les chaussures étaient des sandales qui se déclinaient en différents matériaux. Elles étaient fabriquée en cuir, en paille tressée, avec des lanières de feuilles de palmier ou de papyrus, voire en or pour les pharaons. En fait de chaussures, les anciens Egyptiens ne connaissaient que les sandales. Toutefois, elles étaient considérées comme un accessoire non indispensable au costume. Ils marchaient le plus souvent nu-pieds. Les femmes ne s’en servaient pratiquement pas, les hommes guère plus. Les règles du savoir-vivre interdisaient de se chausser en présence d’une personne d’un rang plus élevé. C’était un honneur pour un notable que de se présenter avec ses sandales devant le roi. Les sandales consistaient en une simple semelle d’écorce de palmier, de fibre de papyrus, plus rarement en cuir à laquelle sont attachées deux ou trois lanières de la même matière. Elles pouvaient être pourvues d’une pointe recourbée au bout.

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La Reine est chaussée de sandales à la pointe recourbée. Elle joue au senet, jeu égyptien. Néfertari jouant au senet. Peinture dans la tombe de la reine.

Les chaussures dans l’Antiquité:

A Rome, la sandale était un signe distinctif qui différenciait les hommes libres des esclaves puisque ces derniers n’avaient pas le droit d’en porter.

Les cothurnes sont des chaussures.

Dans l’antiquité gréco-romaine, ils désignent des brodequins lacés sur le devant du mollet à semelle de bois très épaisse portée par les acteurs tragiques afin de se grandir et d’avoir un air plus majestueux. Ainsi que les soldats grecs,étrusques et romains.

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Pied de statue chaussé d’une cothurne ornée de motifs végétaux.

Les chaussures au Moyen-âge

A partir du Moyen Age, l’histoire des chaussures, de même que celle du costume, devient non seulement une affaire de statut social mais aussi de mode.
Au XIIIe siècle, la forme des souliers évolue avec la mode des chaussures à bouts longs et pointus : les poulaines. Ces chaussures de forme allongée étaient dotées d’une extrémité pointue, généralement relevée, pouvant mesurer jusqu’à 50 cm.

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Le bout des chaussures était alors rembourré avec de la mousse ou du chanvre pour rendre la pointe rigide.

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A noter : plus le rang social d’une personne était élevé, plus la pointe de sa chaussure était longue. Pour les rois, elle pouvait être aussi grande qu’ils le voulaient.

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Les chaussures durant la période byzantine:

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On voit que les pieds sont vus légèrement de dessus, dans le plan des panneaux afin d’annuler tout effet de profondeur. Les personnages semblent comme flotter dans l’espace.

Les chaussures à la Renaissance:

A la Renaissance, les chaussures retrouvent des bouts plus larges et plus pratiques.
Au XVIe siècle apparaissent ainsi les souliers à pied d’ours ou bec de canard, des souliers très ouverts à large bout carré (pouvant atteindre jusqu’à 15 cm de large).

Parallèlement, les chopines font leur apparition à la cour de France, sous l’influence des nobles dames de Venise. Il s’agissait de chaussures surélevées dotées d’une plate-forme de bois pouvant mesurer jusqu’à 60 cm de haut.

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Dans La chambre des Epoux Arnolfini, une paire de chopines au devant du tableau à double talons paraît peu pratique. Les souliers donnent également un effet de perspective: Van Eyck place au premier plan une paire de chaussures en bois et on en retrouve une seconde à l’arrière plan mais, celle-ci d’une taille plus réduite avec moins de détails ce qui donne une illusion de profondeur.

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Andrea Mantegna dans La Resurrection montre des hommes chaussés au premier plan et le détail du pied nu du Christ ressuscité. Mantegna rompt avec les traditions byzantines. Les chaussures et le pied du Christ indiquent des fuyantes rendant ainsi lisible la profondeur du tableau.

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Piero della Francesca La Flagellation du Christ. Roberto Longhi en 1930 : « Les mots tirés d’un psaume compris comme faisant allusion à la mort du Christ permettraient d’identifier le jeune homme blond en rouge comme Oddantonio da Montefeltro, encadré de ses deux méchants ministres Manfredo del Pio et Tommaso dell’Agnella, dont la politique provoqua le soulèvement populaire et la conjuration des Serafini, à l’issue de laquelle le jeune prince mourut (1444). » Les deux ministres sont chaussés comme Pilate à l’arrière plan et le jeune homme est pieds nus comme le Christ. Les détails des pieds nus et chaussés dans ce panneau semblent avoir une grande importance.

La période baroque: 

Le Caravage dans La Madone de Lorette montre les voûtes plantaires des pieds sales des pélerins devant la madone. Il montre ainsi leur condition sociale.

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 Le XVIIème siècle:

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Les talons hauts sont une invention du XVIIéme siècle. Les bottes des cavaliers avaient déjà un talon avant cette date, mais celui-ci servait à bloquer le pied dans l’étrier. Louis XIV portait parfois des talons pouvant mesurer jusqu’à 12 cm.Il avait un faible pour les hauts talons rouges en cuir, que les courtisans adoptèrent rapidement.

La chaussure au XVIII ème siècle

L’Escarpolette, vers 1766, Jean Honoré Fragonard

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La chaussure de la jeune femme est le détail truculent du tableau. Elle détourne le regard du point de vue du jeune homme.

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Yinka Shonibare, ‘The Swing (after Fragonard)’ 2001 une autre installation avec mannequins de Yinka Shonibare, qui pousse plus en avant la confrontation entre identités culturelles, canons représentationnels et périodes historiques.

La chaussure au XIXème siècle:

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Van Gogh, 1886, Vieux souliers, la chaussure devient un sujet du tableau. Un objet digne d’être représenté pour lui même. Ce tableau est l’un des plus connus parmi les Souliers peints par Van Gogh. Le style est proche de sa manière hollandaise. Selon Jacques Derrida, ce n’est pas une « paire de souliers » car ils sont dépareillés. Pourquoi ces souliers ont-ils autant fait parler? Pourquoi est-ce qu’ils nous intriguent toujours? Peut-être parce qu’ils ont cette capacité étrange à nous faire marcher !

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La chaussure au XXème et XXIème siècle:

Magritte dans cette toile transforme les chaussures qui deviennent pieds. C’est une peinture surréaliste qui montre bien comment nous considérons cet accessoire comme un prolongement du pied. Une œuvre surréaliste se compose généralement d’éléments inattendus, qui n’ont pas forcément de lien les uns avec les autres.

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Yannis Kounellis:

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L’œuvre de la Japonaise Chiharu Shiota, une installation regroupant 500 souliers. Une belle installation sur la notion de société, de communauté qui symbolise la fraternité des hommes au-delà de leur diversité .

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Marylin, de Joana Vasconcelos. Cet escarpin fait de marmites dénonce la condition des femmes dans leur rôle social où les apparences et ses fonctions sont soumises au regard des hommes: être belle et faire à manger.

Anja Luithle: Les chaussures à talons ont une place particulière dans l’imaginaire collectif. Les petites filles admirent déjà « les belles chaussures de maman », les petits garçons sont intrigués par « les chaussures qui font du bruit » que maman met pour être jolie. Ces souliers sont un symbole de féminité totale et intemporelle.

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Tove Jansson et Per Emanuelsson

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Alexander Mac Queen

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Andreia Chaves

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25 artistes espagnols, graphistes, graffeurs, illustrateurs… rassemblés pour une exposition originale de street art autour de  la chaussure espagnole!

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Jason Ruff fait des chaussures en recyclant des paquets de cigarettes:

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Vanité des vanités, tout est vanité. Ce fameux thème de la peinture baroque du XVIIème siècle  inspire la nouvelle campagne automne-hiver 2009 de Christian Louboutin.

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Zoulikha Bouabdellah découpe des tapis de prière dans son installation Silence. Pourtant cette oeuvre invite au recueillement.

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Avez-vous trouvé chaussure à votre pied ?

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