Le feu dans l’art

Le feu dans l’art est ambivalent: il peut caractériser des forces créatrices mais aussi l’inverse: des forces destructrices. Du soleil à la flamme, qu’elle soit d’une bougie ou de l’enfer, le feu a plusieurs facettes. Avec la photographie, les effets des flammes et du feu sont magnifiés et le numérique est aujourd’hui un médium qui permet d’aborder ce thème allant des oeuvres les plus sérieuses aux jeux disponibles sur internet où l’on peut dessiner avec des flammes.

Qu’en est-il de l’art contemporain face à la thématique du feu ?

Après un bref exposé des différentes représentations du feu dans l’histoire, le feu dans l’art contemporain sera au coeur de cet article.

Le feu dans la peinture:

Le Soleil est un symbole omniprésent chez les hommes, qui occupe une place dominante dans chaque culture, et il n’est dès lors pas étonnant que cet astre ait été personnifié un très grand nombre de fois. D’une façon générale, le soleil est vu comme un principe masculin et actif. Certains peuples nomades d’Asie centrale le considéraient toutefois comme un principe féminin (la Mère soleil), c’est aussi le cas des Allemands pour qui le genre du soleil est féminin.

Dans l’Égypte antique, Râ (ou Rê) est le dieu Soleil (il était l’un des dieux les plus importants, voire le plus important) et Akhénaton en fait son dieu unique sous le nom d’Aton.

Dans le Panthéon grec, c’est Apollon, fils de Zeus et de la titane Léto, qui incarne le soleil. Citons aussi Hélios, personnification du Soleil lui-même.

La représentation du soleil au Moyen-âge:

une carte du monde selon le Moyen-Age chrétien

Le feu dévastateur:

Les images au Moyen-âge montrant les flammes de l’Enfer

Les Très Riches Heures du Duc de Berry

Hans Memling, XVème siècle, volet droit d’un triptyque « L’enfer »

Rubens, La chute des damnés où les corps deviennent flammes. La représentation de l’éphémèrité de la vie est dûe à ce mélange de corps et de flammes qui finissent par se confondre.

Le feu inspire et en même temps effraie. La flamme est celle de l’intelligence soit créatrice soit destructrice.

Le feu émanation du divin et fondateur de la peinture

La flamme de la chandelle connût un grand succès dans l’iconographie religieuse occidentale du XVIIe siècle, notamment à travers le thème de la Vanité. Georges Delatour: le feu incarne l’image qui se donne à voir. « C’est dans le souvenir de la bonne bougie que nous devons retrouver nos songes de solitaire… », écrit Gaston Bachelard, « …la flamme est seule, elle veut rester seule. » Gaston Bachelard. Le feu se fait un dans la flamme d’une bougie qui devient le symbole de l’individuation.

Elle peut être une émanation du divin:

Arcimboldo met en scène les quatre éléments:

Goya, Feu dans la nuit qui crée un mouvement de panique, le feu permet des contrastes violents à la hauteur des sentiments évoqués sur la toile.

William Turner où les flammes deviennent prétexte de peinture, où la touche suit l’évolution du feu. La peinture comme les flammes se propagent sur la toile.

Le feu d’abord stylisé et symboles de forces positives ou négatives devient au fur et à mesure un prétexte de peinture. Plastique et changeant, à l’image de l’eau, de l’air et de la terre, il est un élément plastique, pictural à part entière.

Le feu et la flamme dans l’art contemporain

Quand le feu se décline en couleurs
Yves Klein — Entre symbole et technique, Peinture de feu, 1961

Le feu se fait peinture, il devient la source génératrice de traces sur la toile. Pour Yves Klein : « Le feu est douceur et torture. Il est cuisine et apocalypse… Le feu est beau en soi, n’importe comment. » Klein travaille au chalumeau des toiles préalablement marquées par le contact des modèles.

Burri, avec ses combustions

Bernard Aubertin avec ses «tableaux feu» réalisés à partir d’allumettes, dont au final il ne reste plus que traces de fumée et bois calcinés. Bernard Aubertin conçoit ces oeuvres comme autant de révélateurs de la puissance des matériaux.

Claude Viallat A l’épreuve du feu

Le feu montré à travers la combustion avec Arman Colère

Arman – Le Fauteuil d’Ulysse, 1965 – Fauteuil brûlé et cassé, enduit de plastique, le passage du feu sur les objets dont il modifie l’aspect est présenté littéralement. Le feu comme principe plastique et actif entre dans le monde de l’art.

Alberto Burri – Combustion, 1964 Plastique, acrylique et combustion sur carton

La suie devient un élément plastique avec Claudio Parmiggiani

La bougie comme objet est intégrée dans les oeuvres de Boltanski.

Christian Boltanski – « Ombres » venues des ténèbres, 6 bougies

Jannis Kounellis – Sans titre, 1967 Etoile de fer avec flamme, dm. 150 cm

Christian Jaccard.

Le feu, source de vie et de lumière, et l’entrelacs, principe de création et de relation des règnes du vivant, sont les deux « outils » constitutifs de la pratique artistique de Christian Jaccard dont l’enjeu est la représentation du temps. Appliqués à l’échelle du mur ou d’un édifice, les « tableaux éphémères » célèbrent l’énergie cosmique.

Le feu dans l’art numérique:

Le rendu numérique se prête bien à celui des flammes et on peut voir sur le net une quantité d’images sur la thématique du feu .

Des sites proposent de peindre avec des flammes en ligne.

http://www.escapemotions.com/experiments/flame/index.php

Isabelle Hayeur projette de faux feux dans la ville de Vancouver. Installation vidéo à trois cannaux.
Projection d’une durée de 15 minutes jouant en continu.En 1886, peu après sa constitution en municipalité, le grand incendie s’abat sur Vancouver et rase le quartier presque entièrement (Great Vancouver Fire). L’installation vidéo Fire with Fire nous remémore cette période trouble de l’histoire de Vancouver
Cliquez sur l’image pour voir la vidéo.