Les consignes en arts plastiques

Les consignes en arts plastiques.

Tout d’abord interrogeons-nous sur le sens du mot consigne, son étymologie car bien souvent on a l’impression de savoir ce que cela veut dire mais de manière un peu trop approximative.

1.Etymologie du mot consigne:

Il est intéressant de remarquer que dans son histoire le mot consigne a une origine dans l’armée:

« Ordre, instruction que l’on donne à une sentinelle, à un soldat. » On peut relever que dans ce cas d’un ordre donné il ne peut y avoir d’approximation dans celui-ci. Sinon nous perdrions toutes les batailles !

Cette rédaction non équivoque de la consigne est primordiale dans les arts plastiques car en fonction de ce que la consigne précise déclinent les productions plastiques. La consigne est de nature injonctive: l’élève doit savoir ce qu’il doit faire. Mais n’est-ce pas une contradiction en arts plastiques de proposer une consigne ouverte ?

Ainsi si vous dites : « représentez une araignée » et « dessinez une araignée » n’est pas la même chose. Les deux objectifs sont distincts: dans la première c’est la représentation englobant le dessin, la peinture, le collage, etc tandis que dans la seconde c’est le dessin qui est au coeur de la réflexion à mener avec les élèves.

En poursuivant l’examen de l’étymologie de ce mot on apprend qu’en 1345 : « délimiter (une terre) par une borne » est une acception de ce terme. Ce qui est particulièrement observable dans cette signification c’est la notion de délimitation faite d’une terre. C’est cette difficulté qui est au coeur des consignes ouvertes en arts plastiques: comment délimiter un champ d’investigations ?

  1. La typologie des consignes:

Consignes but:

: Elles fixent l’horizon d’un travail.

  • Ecrire un récit
  • Commenter une expérience …

Consignes procédures:

Il s’agit davantage du cheminement pour parvenir

au résultat, comme par exemple : « Entourer les pronoms dans le texte »

Consignes de guidage:

Elles attirent l’attention sur un fait particulier comme par exemple : « observer », « regardez attentivement »,« veillez à ne pas confondre »

Consignes critères :

Elles explicitent les critères d’évaluation, les critères de réussite comme par exemple :« Utiliser les connecteurs logiques vus en classe »

Consigne à problèmes:

C’est la forme qui nous intéresse en arts plastiques. Elles posent un terrain d’investigations, des pistes de recherches variées.

Les consignes peuvent prendre des formes très diverses dans l’aspect le plus formel comme dans le sens qu’elles véhiculent ; elles peuvent être :

-Implicites

-Explicites

-Positives

-Négatives

-Multiples

-Successives

-Ouvertes

-Fermées

-Implicantes (avec l’aide de la deuxième personne du

singulier)

-Impersonnelles (utilisant juste l’infinitif)

Par exemple la relation de maître élève sera également déterminée par la formulation de la consigne. Si on dit « Entoure », l’impact n’est pas le même que si on dit « entourer ».

  1. Délimiter un champ d’investigation en arts plastiques:

C’est ce qui est le plus délicat à faire. Par exemple « Réalisez, créez ce cocon imaginaire pour que je puisse le voir et le tenir dans la main !Avant de vous lancer dans la fabrication de ce cocon, il faudra passer par un dessin au crayon à papier uniquement. » Cette consigne est fermée car il n’y a pas de véritable enjeu plastique et elle est floue. Faut-il réaliser au préalable un dessin puis ensuite fabriquer ce qu’on a dessiné. Pourquoi tenir dans la main ? Dans quel but ? Quelle est l’objet de la recherche dans cette consigne ? Quel est son objectif ?

Pour délimiter un champ d’investigations en arts plastiques, il est nécessaire de se rapporter aux programmes avec ses entrées ou alors de partir d’une notion ou d’un constituant plastique par exemple. Il est possible de partir d’une oeuvre d’art aussi qui pose des question plastiques. Par exemple, dans la Liberté guidant le peuple, on peut se poser la question de la mise en scène d’une idée forte par exemple la liberté. La mise en scène peut être faite selon plusieurs paramètres: la composition, la lumière, le mouvement, la couleur, la perspective, la représentation de l’espace et cela avec la possibilité de le faire avec différents moyens plastiques: peinture, dessin, photo, film etc.

Donc quand on a saisi le problème ouvert « la mise en scène », il suffit de trouver une idée commune sur laquelle les élèves devront s’appuyer. Si on propose « A vous de mettre en scène la liberté » est trop abstrait pour des élèves à l’école. Il faut s’adapter à leur développement. Par exemple, on pourra proposer de « mettre en scène une super-pomme héroïque ! », « mettre en scène la plus triste des natures mortes » etc.

  1. Définition dans le cadre scolaire:

CONSIGNE :

Il s’agit pour l’enseignant de donner aux élèves les indications qui leur permettront d’effectuer dans les meilleures conditions le travail qui leur est demandé : objectif de la tâche, moyens à utiliser, organisation (en particulier temps imparti), etc. Les critères d’évaluation doivent également être clarifiés dès le départ.

  1. Passation de la consigne:

Il faut s’assurer que la consigne a bien été d’abord entendue et vue par les élèves. On peut par exemple écrire les mots clé au tableau avec les élèves. Une mauvaise consigne ne sera pas comprise des élèves. En arts plastiques, ils ne sauront pas vers quoi aller ou alors exécuteront une suite de tâches dépourvues de sens pour lui. « … pour le tout-petit, le sens des énoncés se confond souvent avec ce qu’il perçoit… », la compréhension d’un énoncé est une chose très difficile à cet âge.

  1. Examen de quelques consignes:

« Aujourd’hui comme c’est Halloween, nous allons tous fabriquer une toile d’araignée ! Vous les ramènerez chez vous et vous pourrez accrocher sur votre porte pour faire peur à vos voisins. J’ai donc préparé des assiettes en carton dans lesquelles j’ai fait des petits trous. Regardez bien comment je fais ! Je prends le bout de mon fil, je le passe dans un trou, je retourne l’assiette et je tire. Je prends le bout de mon fil, je le passe dans un trou, je retourne l’assiette et je tire. Je prends le bout de mon fil, je le passe dans un trou, je retourne l’assiette et je tire. Je prends le bout de mon fil, je le passe dans un trou, je retourne l’assiette et je tire. Vous voyez, il y a pleins de traits qui apparaissent ! C’est à vous ! »

Cette consigne est bien trop longue et ne met pas en jeu une réflexion plastique. Elle ne pose pas de problèmes aux élèves qui effectueront tous la même chose. Ces élèves de maternelle vont-ils se souvenir de tous ces gestes ? Quelles références artistiques l’enseignant va-t-il proposer aux élèves ?

« Réalisez le dessin d’une eau délicieuse, savoureuse. » Dans cette consigne un problème apparaît: la question du savoureux, la notion de délice. Comment montrer quelque chose de séduisant ? Mais on peut se demander pourquoi délimiter la recherche au dessin et pas aux autres techniques par exemple. Mais dans cette consigne, l’objectif en découle « la représentation d’une sensation ».

Il faut privilégier les consignes courtes avec un problème bien posé pour permettre aux élèves de se concentrer sur le problème. Les consignes à rallonge diluent la difficulté dans un flot de paroles souvent bien inutiles ..

L’impact d’une consigne:

SI une consigne est bien posée, il est possible de la retrouver en regardant les travaux. Elle agit comme un signe, un signal fort en direction des élèves.

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On remarque que les élèves ont tous fait un carré avec des matériaux légers. La consigne en découle : « Le plus léger des carrés » ou alors « faites voir le plus léger des carrés » ou bien « réalisez le plus léger des carrés ». La difficulté ne portera pas sur le carré, sauf pour celui qui a rendu un cube en coton !. Voici un exemple d’une consigne qui pourrait être projetée au tableau

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  1. De la consigne à l’évaluation:

L’élève sait à la lecture d’une consigne sur quoi portera l’évaluation: plus haut la légèreté ou le délicieux. Ainsi de l’objectif à l’évaluation, la consigne est le pivot déclencheur. C’est par elle qu’est validé le dispositif d’enseignement. La consigne doit contenir en elle à la fois l’objectif mais aussi les critères d’évaluation.

  1. Une bonne consigne détermine le climat de travail :

Il est évident qu’une consigne bien posée va déterminer le travail des élèves mais aussi leurs apprentissages. Si une consigne en arts plastiques est bien rédigée et présentée aux élèves ceux-ci travailleront dans la sérénité. Une consigne trop longue ou trop fermée ne déclenchera pas le même comportement chez les élèves.

  1. Les difficultés liées à la compréhension des consignes:

Les difficultés que l’élève peut rencontrer et que l’on peut relier à la consigne scolaire sont de diverses natures :

-L’élève ne comprend pas les mots utilisés.

-L’élève ne comprend pas la formulation de phrase.

-L’élève n’entend pas (pour des raisons physiologiques ou parce qu’il n’écoute pas). L’enseignant a le devoir de signaler les élèves dans ce cas au médecin scolaire.

-L’élève n’est pas attentif au moment où le maître donne la consigne et ne perçoit pas la totalité du message. D’où l’intérêt de veiller à ce que les élèves voient et écoutent bien dans le calme et la sérénité.

-L’élève écoute attentivement mais a besoin d’autres supports que la voix pour comprendre ce qu’on lui explique. Il y a des visuels et des auditifs.

-L’élève a du mal à comprendre le vocabulaire spécifique des consignes (même s’il parle et comprend bien d’habitude).

-L’élève a besoin de voir ce qu’il aura à faire. (à éviter en arts plastiques: les mises en commun sont là pour permettre aux élèves de reprendre leurs travaux)

-L’élève a besoin d’aide pour comprendre mieux la consigne. (si elle est formulée avec des mots simples et une tournure de phrase simple il n’y aura pas de problèmes)

-L’élève ne perçoit pas le sens de son travail à faire: en arts plastiques ce point est crucial.

-L’élève ne comprend pas la consigne.

-L’élève a besoin de faire ou voir faire l’exercice avant de pouvoir faire tout seul. En arts plastiques, le moment de regroupement des travaux permettra à ces élèves de réaliser leur travail.

  1. Des signes qui ne trompent pas:

Les élèves qui n’auront pas compris la consigne auront des réactions diverses:

-bavardages

-agitation

-gribouillages divers

-déplacement dans la classe

-fera du bruit, se fera remarquer d’une façon ou d’une autre

-statisme: l’élève est désemparé.

-répond n’importe quoi par peur de ne rien rendre

  1. Les consignes ouvertes en arts plastiques:

« Cherchez le plus possible de représentations d’une paire de lunettes ». Les élèves sont face à un problème ouvert: la question de la diversité des représentations. Il expérimentera les diverses techniques, l’utilisation des matériaux et même le numérique. C’est une sorte de défi qui est posé aux élèves. La question est de savoir pour l’élève le nombre de diverses représentations qu’il doit chercher. L’enseignant ne devra se fier au nombre mais à la variété trouvée. Il serait bon de préciser le nombre attendu pour que la consigne soit la même pour tous. « Cherchez au moins 4 représentations différentes d’une paire de lunettes » semble être plus juste.

Une consigne juste pour les élèves validera son évaluation.

  1. La consigne révèle la personnalité de l’enseignant:

La consigne est le miroir de l’enseignant. Elles peuvent être formulées de manière injonctive ou plus souple. Sa rédaction donne des indications sur le climat qui va régner dans la classe. Elle détermine la relation maître-élève bien plus qu’il n’y paraît. Une consigne juste favorisera le climat de confiance non seulement entre le maître et les élèves mais entre eux également.

Pour aller plus loin:

http://docplayer.fr/1676956-La-consigne-scolaire.html

 

 

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