Les formes du portrait dans l’art

Le portrait dans l’art (à partir du document d’ Anne Lariven, professeure de l’Education nationale missionnée auprès du service éducatif du musée des Beaux-Arts de Tours. (Dossier très complet en bas de page)

Un portrait est « une image représentant un ou plusieurs êtres humains qui ont réellement existé, peinte de manière à transparaître leurs traits individuels » selon Tzvetan Todorov.

Dans la peinture : Si l’on reprend la définition d’Etienne Souriau , le mot « portrait se dit pour une œuvre en deux dimensions, peinture ou dessin », « Bien qu’uniquement visuel, le portrait peut rendre très sensible la personnalité intérieure du modèle, par de nombreux indices tels que la pose, l’expression de la physionomie, … ». Le portrait cherche à représenter l’apparence extérieure d’une personne mais aussi son caractère, les sentiments qui l’agitent, sa vie intérieure. Cette représentation est une proposition parmi d’autres et elle est donc nécessairement une interprétation.

Les différents types de portraits :

Le portrait a trois principales fonctions : immortaliser le modèle, le célébrer ou le caricaturer (fonction sociale) ou explorer et inventer de nouvelles techniques.

L’ex-voto : les œuvres sont destinées à figurer dans des lieux saints ; les modèles sont le plus souvent représentés en prière, face à la vierge. Ce sont des donateurs auxquels l’œuvre rend hommage.

RUBENS Pierre-Paul Siegen, 1577 – Anvers, 1640 Ex–voto : Vierge à l’Enfant et portraits des donateurs. Alexandre Goubau et son épouse Anne Antoni (entre 1608 et 1621)

Le portrait posthume :

Œuvre destinée à conserver le souvenir posthume d’une personne

Marat assassiné, de David. L’artiste s’était rendu sur les lieux du crime afin de pouvoir faire des croquis. Marat ici est magnifié sous les pinceaux de David car il avait une grave maladie cutanée.

– Le portrait intime : représente les personnes dans leur environnement privé

Les heureux hasards de l’escarpolette, Fragonard

– Le portrait de couple, en pendant, est un type à part entière mais il entretient des liens évidents avec le portrait intime. Deux portraits autonomes, l’un représentant l’épouse et l’autre l’époux, qui parfois se regardent, sont conçus comme un tout, ce que l’on peut aisément montrer par les relations entre les deux toiles (l’environnement notamment).

Double portrait du Duc D’Urbino, PIero della Francesca, 1465

Le portrait d’apparat (et de propagande) permet de représenter le rang social d’une personne, dans le but politique de légitimer ou de célébrer son pouvoir

Rigaud, Portrait de Louis XIV

Le portrait équestre est un portrait d’apparat ; le sujet est représenté à cheval

Bonaparte franchissant le Grand Saint Bernard, Jacques Louis David, 1801. La volonté de conquête de nouveaux territoires est incarnée par le cheval galopant à l’assaut du monde.

Le « portrait charge » ou caricature met en évidence les traits dominants, le plus souvent les « défauts », du modèle et de son caractère à des fins humoristiques ou polémiques.

Vieille femme grotesque, Quentin Metsys, 1513. Caricature ou portrait d’une femme malade ?

Le portrait allégorique : on évoque une idée abstraite en représentant une personne, par exemple en représentant un souverain sous les traits d’une divinité ; le portrait devient un instrument devant servir à sa gloire

Portrait allégorique du roi Louis XV représenté par les vertus – 1762 de Van Loo Charles Amédée Philippe

Le portrait de groupe montre l’appartenance à un groupe, une famille ou une corporation. On peut toujours identifier tous les visages.

Le Sacre de Napoléon, Jacques Louis David, XIXème

Le portrait psychologique cherche à rendre compte de la personnalité du modèle et exprime ses sentiments ou émotions.

Francis Bacon, étude pour un portrait, 1952

L’autoportrait montre un artiste se représentant lui-même.

Autoportrait au chevalet, 1660 de Rembrandt

Les diverses figures du portrait dans l’art des XXème et XXIème siècles:

Le portrait déformé

Francis Bacon, Autoportrait

Le portrait comme matériau démultiplié :

Andy Warhol, Marylin

Le portrait de lumière

Martial Raysse, Peinture haute-tension, 1965

Le portrait de masse : la bande-dessinée

Roy Lichtenstein, Crying girl, 1963

Le morcelé voir article sur le portrait en morceaux

David Hockney, My Mother. 1986

Le portrait engagé

Ernest Pignon-Ernest, Les expulsés, 1978

Le portrait de matière

Julian Schnabel, 1983 – Azzedine Alaïa portrait peint sur des assiettes

Le portrait omniprésent et éphémère :

Rimbaud, Ernest-Pignon Ernest, 1978. Il récupère des chutes de papier journal vierge et imprime ses dessins dessus. Le papier est voué à disparaître mais le portrait, pendant un temps, a envahi la ville.

Le gigantisme

Ron Mueck, Tête de bébé, 2003

Le spectaculaire

JR a inauguré la semaine dernière une installation en échafaudages du côté mexicain de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. L’oeuvre est visible depuis le côté américain de la frontière.

Le portrait numérique : 

Des fleurs, Reynald Drouhin, animation sonore avec la comptine « Un peu, beaucoup, … », qui se poursuit avec des mots vulgaires et odieux.

Des Fleurs, c’est une défragmentation du réseau internet, par l’intermédiaire du mot clé “fleur »
Il existe une multitude d’informations sur la toile ; ce projet permet de les faire coexister dans une même image finale, soit une matrice (visage(s)) qui sert de repère global aux différents éléments qui la composent…
Par l’appropriation d’une matière première présente sur le réseau, la mémoire archivée est réactivée en une matière vive éphémère et générative. » cf. Des Frags (http://desfrags.incident.net)

Le portrait dynamique :

Bernard Pras, Tommy Murphy

Le portrait numérique, Dan Doulache représente des portraits de personnages célèbres avec des textes les concernant.

Léo Férré

`

Albert Einstein

Portrait en gloire :

Gilbert et Georges :

Ces costumes sont devenus une sorte d’uniforme pour eux : ils n’apparaissent presque jamais en public sans les porter. Il est pratiquement impossible de voir l’un sans l’autre. Ils refusent de dissocier leurs performances de leur vie quotidienne, insistant sur le fait que tout ce qu’ils font est art. Ils se voient eux-mêmes comme « sculptures vivantes ».

Le portrait comme série égrainant le temps :

Opalka réalise une série de portraits s’estompant au fil du temps.

Les photographies, selon qu’on les considère entre prises de vues rap »prochées ou distantes, laissent voir le passage du temps par le vieillissement de son visage, le blanchissement de ses cheveux, les changements à peine sensibles de son regard. A la fois une gageure et un renoncement. Opalka inscrit sa trace, par bribes, comme autant des desquamations. Une trace chaque fois plus précaire, évanescente. La mémoire, fragile, de son effacement, sa disparition.  » Les yeux avides

Le portrait en selfie :

Un Musée du Selfie à Los Angeles …

Le portrait vivant comme matériau :

Douglas Gordon, le visage est déformé avec du sctoch

Orlan recourt à la chirurgie esthétique. « J’ai demandé aux chirurgiens de comprendre ma démarche : j’ai voulu mettre en avant l’idée de différence. Regardez ma tête avec mes bosses sur le front. Ça prouve bien que tout mon travail est contre les standards, contre les modèles. Je n’ai jamais voulu ressembler à la Joconde ni à la Venus de Milo, contrairement à ce qu’ont dit les médias ! » Orlan

le portrait comme monument :

Un monument érigé sur les lieux même de l’arrestation il y a cinquante ans ans du dirigeant noir sud-africain alors qu’il luttait clandestinement contre l’apartheid, en hommage à Nelson Mandela constitué de 50 barres d’acier sculptées par Cianfanelli et plantées dans le sol à différents endroits. Au fur et à mesure qu’on avance vers le monument, la figure de Nelson Mandela prend forme à un point précis. En se plaçant face au monument, on peut y voir par un jeu de lumière le portrait du premier président noir qu’a connu l’Afrique du Sud.

Cette technique s’appelle « l’anamorphose » comme la pratiquait autrefois Léonard de Vinci et aujourd’hui Georges Rousse.

Le portrait comme icône contemporaine :

Pierre et Gilles, For ever Stromae

Le regardeur comme matériau du portrait :

Richard Prince sélectionne des portraits sur Instagram et en fait des installations :

Les réseaux sociaux comme matériaux des portraits :

Face to Facebook
Troisième volet de la trilogie du « Hacking Monopolism »

« Voler 1 million de profils Facebook, les filtrer avec un logiciel de reconnaissance faciale, puis les poster sur un site de rencontres personnalisées, triées en fonction de leurs caractéristiques d’expression faciale. Notre mission était de donner à toutes ces identités virtuelles un nouvel espace partagé pour s’exposer librement, en brisant les contraintes de Facebook et les règles sociales ennuyeuses. Nous avons donc créé un nouveau site web (lovely-faces.com) leur rendant justice et leur donnant la possibilité d’être bientôt face à face avec toute personne attirée par leur expression faciale et les données qui y sont liées.
Auteurs: Paolo Cirio et Alessandro Ludovico. »

D’autres thématiques ici:

https://atomic-temporary-26416781.wpcomstaging.com/les-notions-dans-les-arts-plastiques/

Laisser un commentaire