Le silence dans l’art

Les natures mortes dans les pays du Nord se nomment vie silencieuse. Dans cette nature morte ci-dessous, les instruments de musique sont posés à l’envers sur la table comme si tout son devait être anéantis. En effet, on ne voit pas leurs ouïes.

Evaristo Baschenis Bergamo 1617 – 1677

Vilhelm Hammershøi (1864/1916, né à Copenhague) peint l’architecture comme des vivants et les humains aussi muets que des objets. Les figures sont représentées de dos ou avec des contours imprécis dans une touche évoquant les fresques du Quattrocento. L’ensemble est peint dans tes tons terreux ou froids qui accentuent l’effet de distance et de déréalisation. La peinture de Hammershøi est arrêt du temps. Il n’y a pas de mouvement, d’action, ni de temporalité précise, aucune anecdote. (1)

On ne peut que penser aux peintures de Vermeer où le silence plane sur les scènes représentées.

Vermeer, La Femme à la balance, vers 1662-1665

Les peintures de Madeleine de De La Tour sont également empreintes de silence. Madeleine en pénitence, 1640. L’obscurité accentue la pesanteur du silence dans cette oeuvre.

Dans La mort de Marat de David, le fond peint avec de petites touches de couleur sombre contrastant avec la blancheur du cadavre, accentue l’impression de silence dans la toile. Ce silence pictural invite au recueillement. « Quelle était donc cette laideur que la sainte Mort a si vite effacée du bout de son aile ? Marat peut désormais défier Apollon, la mort vient de le baiser de ses lèvres amoureuses, et il repose dans le calme de sa métamorphose. Il y a dans cette œuvre quelque chose de tendre et de poignant à la fois ; dans l’air froid de cette chambre, sur ces murs froids, autour de cette froide et funèbre baignoire, une âme voltige. « Baudelaire, Le musée classique du Bazar de Bonne-Nouvelle .

Plus tard, les peintures d’Edward Hopper montrent des scènes de la vie quotidienne où le bruit n’a pas de place. Un silence pèse dans ce  bar ci-dessous où seule une femme est présente dégustant son café. 1927. Automat. Le grand aplat derrière la jeune femme confère à cette toile une atmosphère bien silencieuse.

Aurélie Nemours représente le silence avec des formes géométriques. Structure du Silence, 

Dans le silence – Peinture, 55×75 cm ©2013 par Muriel Buthier-Chartrain –

« Silence » Zoulikha Bouabdellah dans son installation met en scène le silence avec des tapis de prière et des chaussures de femme.

In silence de Chiharu Shiota montre un piano étouffé par une toile de fils emmêlés.

Plusieurs silences , Vue d’installation, 2009. Ryan Gander

Jaume Plensa, Le Silence de la Pensée

Nandipha Mntambo, Silence et Rêves, Peau de vache, queues de vaches, résine, maille polyester, cordon ciré
Installation de 8 figurines
environ 245 x 650 x 300 cm

(1)https://www.artefields.net/peinture/vilhelm-hammershoi-peintre-du-silence/

Il y a bien entendu le 4’33 » de John Cage. Composé de trois mouvements bien distincts (L’interprète ouvre et referme le piano, prend un petit chronomètre dans la main), ce morceau a été qualifié de ready-made musical. Le bruit ambiant de la salle compose à chaque fois une pièce différente. Sur la partition les trois mouvements sont représentés avec des chiffres romains suivis de TACET (il se tait) en latin, « qui est le terme utilisé dans la musique occidentale pour indiquer à un instrumentiste qu’il doit rester silencieux pendant toute la durée du mouvement. » (1).

« Le titre de cette œuvre figure la durée totale de son exécution en minutes et secondes. À Woodstock, New York, le 29 août 1952, le titre était 4′33″ et les trois parties 33″, 2′40″ et 1′20″. Elle fut exécutée par David Tudor, pianiste, qui signala les débuts des parties en fermant le couvercle du clavier, et leurs fins en ouvrant le couvercle. L’œuvre peut cependant être exécutée par n’importe quel instrumentiste ou combinaison d’instrumentistes et sur n’importe quelle durée. » John Cage
(1) wikipédia 4’33 »

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